Dans la première partie de l’interview d’Élisa Gorins, porte-parole d’Agir pour la Vie Animale, nous avons passé en revue deux des trois piliers fondateurs d’AVA. Premièrement, l’association veut mettre fin au scandale des euthanasies de complaisance. Deuxièmement, elle estime que, pour mieux protéger les animaux, il convient de bien les comprendre en s’appuyant sur les travaux des éthologues. Nous allons à présent voir le troisième pilier d’AVA : le partage. Chacun de ces principes est mis en œuvre au sein de la Coloc d’AVA, le refuge tout récemment ouvert par l’association centrée sur le bien-être animal, et partant, celui des humains…
Partage : diffusion des connaissances scientifiques et amélioration des relations homme / animal
Outre la protection et la compréhension des animaux, AVA prône le partage sous la forme de la diffusion des connaissances scientifiques. « C’est notamment le cas lorsque nous coorganisons des congrès scientifiques pour favoriser la diffusion des savoirs », rappelle Élisa Gorins.
De même, l’association veut insuffler davantage de partage dans la relation homme / animal, autour du thème de la médiation animale. « Nous avons dans notre premier refuge des programmes de thérapie assistée par l’animal. Ils permettent de valoriser le lien entre l’homme et l’animal et de le renforcer. Cela permet à des humains de bénéficier des bienfaits que leur apportent les animaux, et vice-versa ».
Les animaux au secours des enfants autistes et des victimes d’attentats !
Par exemple, AVA mène, en association avec l’Institut Médico-Éducatif, un programme à l’attention des enfants souffrant d’autisme ou de trisomie. Selon Élisa, « ces enfants viennent un mardi sur deux au refuge. Quand ils arrivent, ils sont tellement souriants ! On réalise alors que leur venue constitue pour eux une parenthèse enchantée. Je vous citerais l’exemple d’une petite fille qui était terrorisée par les animaux, à tel point qu’elle ne voulait pas s’en approcher. Très vite, elle s’est détendue : elle est désormais la première à vouloir s’en occuper ! »
AVA conduit un autre programme avec l’Institut de Victimologie de Paris, dont les patients viennent un samedi sur deux pour passer du temps avec les chiens. Le but consiste à leur offrir une sorte de bulle, compte tenu du fait que le refuge est situé en pleine campagne. Loin de leur quotidien et des sources de leur anxiété et de leur traumatisme, ces personnes viennent s’occuper des chiens, les promener, etc. Selon leurs propos mêmes, cela leur fait un bien fou ! « Même les psychiatres qui les encadrent sont subjugués par les effets de ce programme ». Ainsi, certaines personnes ne parlaient plus et leur psychothérapie avait atteint un point de blocage. Or, elles ont retrouvé l’usage de la parole au contact avec les animaux.
La Coloc d’AVA : vie en collectivité pour les animaux, avec les humains
AVA ne peut seulement accueillir qu’une douzaine d’animaux par an, ce qui peut sembler extrêmement peu par rapport aux quantités recueillies par la SPA (plus de 55.000 en 2021). « Cependant, remarque Élisa, nous recueillons des animaux destinés à rester chez nous toute leur vie. Les adoptions sont en effet assez rares ».
Dans le premier refuge d’AVA de Cuy-Saint-Fiacre (Seine-Maritime), les membres de l’association avaient déjà pris l’habitude d’accueillir de vieux animaux. Dans le deuxième refuge « La Coloc d’Ava des Sablons », situé non loin du premier, à Rouvray-Catillon, AVA veut désormais accueillir de vieux animaux de manière plus familiale. « Ces derniers doivent se montrer sociables, car ils vivent en collectivité avec plusieurs espèces. La particularité réside dans le fait qu’ils vont vivre comme en famille, avec des êtres humains, qui comme eux, sont âgés, vulnérables, etc. »
La Coloc d’AVA : pensionnés animaux ET humains !
Le premier bénéficiaire humain de la Coloc d’AVA s’appelle Maxime Légier. Il n’est autre que le fondateur du premier refuge d’AVA ! Côté animaux, la Coloc d’AVA accueille d’ores et déjà des chiens, chats, paons, poules, chèvres, boucs et un poney. Tout ce petit monde vit ensemble harmonieusement. Élisa insiste : « Notre objectif consiste à ouvrir ce refuge à d’autres êtres humains. La condition sine qua non pour que cela fonctionne : la bonne entente entre les individus, qu’ils soient humains ou animaux. Sinon cela ne pourra pas fonctionner ».
Maxime Légier, qui pourtant est lui-même âgé, greffé, diabétique, et donc de santé fragile, a accepté de prêter main forte à l’entretien des animaux. Il faut dire que sa grande expérience le lui permet.
Au-delà des personnes âgées pouvant bénéficier d’un accueil de long terme aux Sablons, AVA souhaite ouvrir ce lieu à l’écotourisme et à l’écovolontariat. « Nous pourrions accueillir des gens de passage qui auraient envie de se joindre à nous pour quelques semaines, voire quelques mois, tout en faisant du bénévolat dans les deux refuges ».
La particularité de l’approche d’AVA
Davantage que les autres associations, AVA place le bien-être animal au cœur de toutes ses actions. Cela passe par un hébergement et une prise en charge individualisés. « Nous tenons compte des particularités de chaque animal, en le considérant comme un individu à part entière, avec sa personnalité propre. Chacun d’entre eux a son histoire, son caractère, ses besoins, etc. » Ainsi, chez AVA, chaque animal bénéficie de son menu individuel car tous les animaux ne mangent pas de la même façon.
On l’aura compris : pas de mangeoire collective chez AVA, sauf pour les herbivores. En revanche, chaque chien et chaque chat bénéficie de sa gamelle individuelle. Au niveau de l’hébergement : absence de box ou de cage. Les chats circulent en totale liberté, ils vont et ils viennent comme ils le souhaitent. Les animaux occupent de petits chalets, de petites niches ainsi que des maisonnettes qui se présentent comme de grands abris de jardin en bois. « Notre objectif est vraiment de leur offrir le plus de bien-être possible, ce qui passe par une prise en charge individualisée et un hébergement adapté à leurs besoins ».
Les chats ne supportant pas la vie en appartement, à tel point qu’ils en devenaient agressifs ou malpropres, changent une fois qu’ils sont chez AVA. Leur comportement se régule de lui-même. « Cela provient du fait qu’ils mènent une vie de chat libre, tout en bénéficiant de la sécurité et du confort que nous leur offrons ».
Des refuges où il fait bon vivre pour nos amis les animaux !
Quand les visiteurs extérieurs accèdent aux refuges d’AVA, ils sont frappés par le silence total. L’atmosphère est extrêmement paisible. Ce silence témoigne du niveau élevé de bien-être, notamment chez les chiens. En effet, on n’entend pas d’aboiement, sauf au moment des repas, en raison de l’excitation que cela suscite.
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Comme le reconnaît Élisa, la Coloc d’AVA est un concept de refuge totalement inédit. « Il s’agit d’une expérience pilote. Nous sommes déterminés à faire en sorte que cette mixité entre pensionnés animaux et humains fonctionne à plein ! »
Plus d’informations sur : avarefuge.fr
Élisa Gorins nous présente les particularités des refuges de l’association de protection animalière AVA. Dans ces refuges, les vieux animaux pourront bénéficier de physiothérapie… aquatique ! Elle nous conte aussi l’histoire de Scooby, chien réunionnais condamné sauvé par AVA. Photo : (c) AVA. Vidéo : (c) LaTDI.
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