Connaissez-vous le Salon de Montrouge ? Aux portes de Paris, du 13 octobre au 1er novembre 2022, la 66e édition de cette manifestation culturelle est devenue le fer de lance de la politique culturelle de Montrouge. Pour nous en parler, nous avons rencontré Colette Aubry, maire-adjointe de Montrouge à la Culture et au Patrimoine. Elle nous a parlé de sa passion pour la politique, qui consiste, selon elle, à se mettre au service de ses concitoyens. Elle conçoit ainsi la culture comme le moyen de promouvoir des valeurs positives, telles que l’inclusion, le partage, la solidarité et le respect de l’autre.
Colette Aubry l’affirme d’entrée de jeu : elle n’est pas une professionnelle de la politique, même si elle fait aujourd’hui partie de l’équipe municipale de Montrouge. « J’ai fait toute ma carrière dans la communication institutionnelle et financière. Au départ, je suis une pure littéraire, passionnée de livres et de musique. Ma deuxième passion, c’est la politique, entendue comme le service du bien commun, la transmission de valeurs, telles que la démocratie, l’Europe et la solidarité ». Pour elle, cette transmission passe aussi par la culture.
Le Salon de Montrouge : depuis les origines (1955) jusqu’à aujourd’hui
À l’origine, la Ville de Montrouge confie à l’artiste Marcel Derulle l’organisation d’un salon d’art en 1955. Ce salon est destiné à exposer des artistes montrougiens. Par la suite, le salon dépasse les enjeux locaux en consacrant des rétrospectives à des artistes tels que Fernand Léger, Picasso ou encore Salvador Dali.
Ce n’est qu’en 1976 qu’il prend sa couleur actuelle, en se focalisant sur l’art contemporain. Il met à l’honneur des artistes innovants, donnant de la visibilité à une expression artistique qui fascine et dérange. Peu de gens en sont familiers, l’art contemporain étant réputé difficile d’accès. Sous la houlette de Nicole Ginoux, la fille du maire de l’époque, le salon devient un révélateur de la scène artistique contemporaine française émergente.
Un « accélérateur de carrière » pour les artistes
En 2009, un nouveau commissaire arrive en la personne de Stéphane Corréard. Le Salon devient alors un « accélérateur de carrière » pour les artistes qu’il expose.
En 2015, Ami Barak reprend les rênes du Salon en restreignant le panel des artistes présentés. Il met en place un jury de sélection composé de professionnels, critiques d’art, représentants de la DRAC. Par la même occasion, il crée des parcours. Comme le rappelle Colette, « nous avions l’an passé cinq parcours artistiques au sein du Salon. L’idée était de montrer la façon dont les préoccupations des artistes s’incarnaient dans les thématiques dominantes, de façon à donner une cohérence au parcours du visiteur ».
Cette année, le Salon s’est doté d’un nouveau Commissariat artistique, avec Guillaume Désanges, par ailleurs nouveau président du Palais de Tokyo et Coline Davenne, regroupés au sein de l’entité Work Method. Ils apportent leur vision nouvelle, en mettant en avant les préoccupations, notamment sociétales liées au monde contemporain des artistes.
Le Salon dans son écrin : le Beffroi de Montrouge
Longtemps centre administratif, le Beffroi abritait également une salle de spectacles accueillant des matches de catch dans les années 1960. Entre 2009 et 2012, le bâtiment subit un programme de rénovation en profondeur, mettant en lumière son architecture art déco. Depuis, le Beffroi a complètement changé de destination. Il est devenu un centre de congrès doublé d’un centre culturel abritant un théâtre. Au rez-de-chaussée, un très grand plateau de 1.000 m² est destiné aux grands événements, dont le Salon de Montrouge.
Un Salon dédié aux talents émergents
Comme le fait remarquer Colette, la vie d’un jeune artiste est soumise à une forte concurrence, avec toutes les difficultés que cela laisse deviner. « Cette année, nous avons reçu 2.000 manifestations d’intérêt de la part de personnes ayant répondu à notre appel à candidatures. Cela montre bien l’attrait et l’importance du Salon auprès des artistes contemporains émergents ».
Parmi les artistes propulsés par le Salon, Colette cite le peintre Djamel Tatah, lauréat du Salon en 1993 dont la Ville a par la suite acquis une des œuvres. Montrouge s’est d’ailleurs constituée une collection d’art contemporain qu’elle expose régulièrement. « La Ville a ainsi fait l’acquisition d’œuvres textiles, de sculptures et de tableaux que nous souhaitons davantage exposer au public. Le bâtiment de l’Hôtel de Ville est lui-même décoré de nombreuses œuvres d’art appartenant au patrimoine de la Ville. En outre, nous avons pour ambition de mettre en place une artothèque qui nous permettra de valoriser cette collection auprès des Montrougiens ».
L’art contemporain, cœur du dispositif culturel de la Ville de Montrouge
L’art contemporain est ainsi devenu le fer de lance de la politique culturelle de la Ville. Montrouge est désormais connue sur le plan national grâce à son Salon. Ce dernier a acquis une grande notoriété auprès des professionnels, collectionneurs, galeristes et autres critiques d’art.
Loin de se cantonner au public des connaisseurs, la Ville met tous ses habitants au contact de l’art par le biais des équipements culturels dont elle dispose. Outre le Beffroi, elle dispose ainsi d’une médiathèque, d’un conservatoire de musique ou encore de l’espace Colucci. De même, une trentaine de spectacles vivants sont présentés chaque année lors de la saison culturelle de Montrouge.
Colette considère qu’il est vital de transmettre l’amour de la culture au jeune public, via des actions d’éducation artistique et culturelle. « C’est notre rôle d’élus d’impulser, transmettre, tirer, pousser, pour que cela fonctionne vis-à-vis du jeune public, notamment. Ce dernier représente le public de demain, et nous nous devons de faire passer auprès de lui nos valeurs du vivre ensemble, de la citoyenneté, de la laïcité et de la solidarité ».
L’art à la rencontre des Montrougiens
Or, ces valeurs sont généralement véhiculées par les artistes, qui reflètent à travers leurs œuvres les évolutions de la société. « C’est une des raisons qui nous poussent à développer l’art dans la ville. Car il existe encore des Montrougiens qui ne vont jamais au théâtre ni dans les musées. Notre rôle est d’aller porter le message des artistes et de la culture, de l’art sous toutes ses formes et de l’art contemporain en particulier, au cœur de la ville. Et il faut ajouter que notre territoire est riche de sa diversité d’artistes plasticiens, musiciens, photographes, peintres,… qui participent à cette transmission de valeurs et d’émotions ».
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C’est le cas dans le domaine du street art, par exemple, avec le collectif montrougien Noty Aroz. Celui-ci propose actuellement des œuvres sur le thème des mythologies, renouvelées tous les 45 jours. Elles ornent un mur pignon donnant sur le parvis de l’église Saint-Jacques le Majeur, elle-même inscrite aux Monuments Historiques. Le Mur de Montrouge donne lieu à une médiation culturelle particulièrement active. Comme le rappelle Colette, « nous clôturerons le cycle actuel par une grande conférence au Beffroi afin d’expliquer au public la démarche des artistes ». De la même façon, les équipes du service Culture de la Ville ont organisé au parc Renaudel, avec l’artiste Baptiste César, une inauguration pour expliquer ce qu’il avait voulu faire avec son Abri de fortune.
Le Salon de Montrouge, vaisseau amiral de la politique culturelle de la Ville
Le Salon de Montrouge est donc le vaisseau amiral d’une politique municipale qui, par ailleurs, se montre très active pour transmettre aux Montrougiens des valeurs humanistes et leur faire aimer la culture.
Informations pratiques :
66e Salon de Montrouge, Le Beffroi, 2 Place Emile Cresp, 92120 MONTROUGE.
M° Mairie de Montrouge.
Du 13 octobre au 1er novembre 2022, de 12h à 19h 7j/7. Ouvert les jours fériés.
DIRECTION ARTISTIQUE : Coline Davenne & Guillaume Désanges.
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