250.000 votes aux élections législatives de cette année, 500.000 aux européennes de 2019… L’animalisme séduit nombre de nos compatriotes. Comment devient-on animaliste aujourd’hui en France ? Comment met-on en pratique ses idées au quotidien ? Nous avons rencontré Sybille pour qu’elle nous raconte son histoire, son quotidien et ses projets animalistes. Témoignage d’une jeune femme des années 2020, animaliste et parfaitement intégrée dans la cité…
« Mon éveil à la cause animale ne m’a été inspiré ni par les films ni par le cinéma. Quant à mon éducation, je viens d’une famille du sud-ouest habituée à manger de la viande. Mon animalisme est simplement le fruit d’une expérience personnelle. Dès la maternelle, j’ai porté un regard différent sur la condition animale. J’ai le souvenir d’une colonie de vacances, alors que je n’avais que trois ou quatre ans. Avec ma classe, nous avions fait une sortie à la montagne, au milieu de lacs. Tout à coup, j’ai remarqué de bambins en train de sauter à pieds joints sur des têtards. Malgré le sourire et la joie exprimés par ces enfants, je n’ai pu m’empêcher de penser qu’il s’agissait d’une scène d’une grande violence.
Éveil animaliste précoce
« Malheureusement, j’étais alors bien seule à penser comme cela. Sur le coup, je me suis sentie impuissante. Depuis ce jour, j’ai commencé à changer de regard. Je suis devenue convaincue que la vie d’un animal était aussi respectable que celle d’un être humain. Que l’être humain se devait de vivre en harmonie avec les animaux, au lieu de chercher à les dominer, les asservir… et à les manger.
« En conséquence, j’ai progressivement éliminé les produits d’origine animale de mon alimentation. Cela me paraissait le moyen le plus simple d’aider les animaux, à mon niveau. Au début, chacun de mes repas faisait l’objet d’un commentaire de ma famille ou d’une remarque parfois méprisante de la part de mon entourage.
« Depuis que j’ai quitté le lycée, j’ai complètement cessé de consommer poissons et animaux terrestres. C’est à ce moment-là que j’ai commencé à me documenter ou à intervenir sur « le terrain ». Par exemple, j’ai lu Matthieu Ricard et Jonathan Safran Foer. Cependant, la théorie du véganisme ne m’a jamais vraiment attirée. D’autre part, je crains de lire certains ouvrages de dénonciation de la souffrance des animaux car ce thème me fait moi-même souffrir. Hugo Clément, par exemple, est très engagé en ce sens. Sa réflexion sur le sort des animaux est très intéressante (presque philosophique). Aymeric Caron va également très loin dans sa réflexion sur l’alimentation (un pur végan !).
« J’ai conscience de la nécessité de me familiariser davantage avec le monde des idées véganes. Cela me permettra peut-être d’approfondir mon engagement. J’admire toutes les personnalités portant haut la cause animaliste… y compris Brigitte Bardot !
« Sauver tous les animaux du monde »
« Pour moi, chaque petit pas compte et j’ai la chance d’avoir rencontré, au cours de différents sauvetages ces dernières années, des personnalités incroyables. Chaque jour, certains individus donnent un peu de leur temps pour venir en aide aux animaux en détresse, contribuant ainsi à changer le monde…
« Moi-même, au début de mes études en droit, j’intervenais auprès de la SPA, en m’efforçant d’apporter amour et soins à tous ces animaux abandonnés. Le destin a souvent mis sur ma route des animaux ayant besoin d’aide. J’ai recueilli des chatons errants sur le bord des routes, que j’ai placés ensuite en association (L’arche de Néo). Puis je suis devenue famille d’accueil pour un chat abandonné (Un ami O poil). Depuis, ce chaton ne m’a plus jamais quittée ! En outre, j’ai sauvé un autre chaton qui a manqué se faire écraser dans les rues de Paris.
« La détresse d’un animal ne m’a jamais laissée indifférente. Dernièrement, j’ai parcouru l’intégralité du 17ème arrondissement pour retrouver le propriétaire d’un chien errant. Si je le pouvais, je viendrais en aide à tous les animaux du monde !
Conscience animaliste
« J’essaie de faire le maximum à mon échelle mais j’ai compris que le plus important était finalement d’éveiller les consciences. Mes ami(e)s soulignent et apprécient ma démarche « mesurée » et « raisonnable ». Il me semble que c’est un point essentiel. Je n’ai aucune envie de débattre avec ceux qui me taquinent en faisant remarquer que la salade souffre, elle-aussi, de se voir arrachée du sol qui la nourrit. Mon objectif est, d’abord et avant tout, de faire passer mon message. Si je parviens à toucher la sensibilité de quelques personnes, cela me rend très heureuse !
« Bien entendu, il m’est déjà arrivée d’avoir des discussions houleuses sur l’animalisme, souvent lorsqu’on me cherchait querelle ou qu’on essayait de décrédibiliser ma démarche en mettant en avant certaines « contradictions ».
« Je réfléchis à la façon de mettre mes connaissances juridiques au service de la cause des animaux. Toutefois, j’ai bien conscience que cela représenterait un investissement émotionnel particulier en ce qui me concerne. Je serais obligée de prendre connaissance et d’étudier certains cas de maltraitance animale. Personnellement, j’admire celles et ceux qui poussent les portes des abattoirs. Qui n’hésitent pas à sauver des animaux maltraités, quitte à se confronter à des scènes choquantes.
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« Finalement, je ne peux pas me prononcer sur la forme que revêtira mon combat sur le long terme. Ce dont je suis certaine, c’est qu’il continuera…. Pour finir sur une note optimiste, je voudrais citer la phrase culte de mes années de collège et de lycée : « on ne peut pas être une bonne personne si l’on fait du mal aux animaux . » »
Sibylle nous raconte son ‘déclic’ animaliste, alors qu’elle n’avait encore que trois ans… Photo et vidéo : (c) LaTDI.