Depuis 2020, l’irruption de la crise sanitaire et du télétravail ont poussé les entreprises à adapter leurs espaces de travail. Finis les bureaux cloisonnés ou bien alors les open spaces « tout bêtes » ! Désormais, les entreprises déploient un effort particulier pour faire de leurs bureaux des lieux attractifs consacrés à la ‘socialisation productive’. Elles accompagnent ainsi l’émergence de nouveaux modes de travail hybrides. Pierre-Alexandre Pillet, cofondateur de Sowen, nous explique sa vision d’espaces à la fois authentiques, dynamiques et hybrides.
Issu d’une école de commerce, Pierre-Alexandre Pillet rejoint BNP Paribas pour y réaliser du financement structuré. Six mois après, il intègre Auguste-Thouard, devenue entretemps BNP Paribas Real Estate, où il se spécialise dans les opérations immobilières d’entreprises. C’est à cette époque qu’il se bâtit un solide réseau dans l’immobilier professionnel parisien, monde assez fermé au demeurant. Ce réseau constitue encore aujourd’hui la base de sa clientèle et de ses apporteurs d’affaires.
Après quelques années, il quitte le milieu du brokerage, pour rejoindre le groupe Artdesk. Il s’agit alors d’un acteur de l’aménagement des espaces de bureaux, véritable visionnaire dans la façon d’envisager l’évolution du secteur. Pierre-Alexandre acquiert à ce moment l’intime conviction que le bureau est voué à devenir un lieu hybride, entre socialisation et travail.
En 2017, avec son épouse, ils créent leur propre société, Sowen, synthèse de leur savoir-faire en matière d’immobilier et d’agencement. Sowen connaît une forte croissance en 2020. En effet, au sortir de la crise sanitaire, les entreprises sont mieux disposées à accepter certaines évolutions. Car le travail ne se fait plus seulement au bureau, mais aussi dans des endroits hybrides, notamment en raison de la généralisation du télétravail. Les questions liées à l’image prennent alors une grande importance, car cette dernière contribue à attirer et à retenir les talents.
Sowen aménage les espaces de travail en ligne avec l’identité de l’entreprise
Ainsi, des notions RH telles que le sentiment d’appartenance, l’image ou les valeurs de l’entreprise s’affirment comme autant d’impératifs. Les collaborateurs doivent parfaitement percevoir ces notions, reflétées dans les locaux dans lesquels ils sont installés. Autrement dit, l’identité profonde de l’entreprise doit pouvoir se lire à travers ses locaux.
Cependant, de beaux bureaux, à eux-seuls, sont insuffisants pour séduire ou obtenir le succès. Il faut dans le même temps travailler la marque employeur, le management, tout en affirmant les valeurs de l’entreprise. Selon Pierre-Alexandre, « ce qui favorise le succès d’une entreprise réside aujourd’hui dans l’alignement entre le message communiqué en interne et à l’externe ».
Cet alignement est aujourd’hui primordial. Les collaborateurs voulant s’investir dans une entreprise attendent une certaine authenticité de la part de leur employeur. Ainsi, si le flexoffice progresse, il ne doit pas devenir une généralité, à n’importe quelle condition.
Flexoffice : une tendance qui va s’affirmant, sous certaines conditions
Comme le remarque Pierre-Alexandre, il existe plusieurs types de flexoffices. Plusieurs années en arrière, certaines grandes entreprises du conseil ont tenté de l’instaurer sous sa version maximaliste : le « full flexoffice ». « Les collaborateurs, en arrivant le matin dans leur building, n’ont pas de place attribuée. Ils doivent réserver leur place à l’avance. Ils se retrouvent alors positionnés au hasard dans le building, peu importe leur activité. Cela peut se révéler traumatisant pour eux, en raison du côté impersonnel, engendrant une perte de repères. Je ne pense pas que ce type de flexoffice va se généraliser », prévoit Pierre-Alexandre.
En lieu et place, il prône plutôt un « flexoffice par territoires ». Selon lui, nous allons assister à une réduction des surfaces pour prendre en compte le télétravail et optimiser les coûts associés aux postes de travail. Un employeur veut par exemple réduire de 30% le nombre de postes disponibles, tout en conservant la notion d’équipes. « Ainsi, mon équipe comptable sera bien identifiée dans une zone. Simplement, au lieu d’avoir quinze postes, correspondant au nombre de mes comptables, je n’en aurai plus que dix ou douze. Si les postes ne sont plus attribués, le lien d’appartenance avec l’équipe est préservé ».
Des espaces « dynamisés »…
Plutôt que de parler de « flexoffice » à tout bout de champ, Pierre-Alexandre préfère évoquer la notion « d’espaces dynamiques de travail ». « Les collaborateurs se retrouvent au bureau pour partager des moments de productivité en équipe, aussi conviviaux que possible. En conséquence, nous créons des salles de réunions adaptées aux échanges entre deux ou trois personnes. Les espaces de convivialité productive sont ainsi privilégiés aux dépens des ‘simples’ postes de travail. Et on peut imaginer que les tâches réalisées en solo le seront désormais à la maison ».
Il s’agit en quelque sorte de retrouver dans les espaces conviviaux la sérendipité caractérisant les rencontres s’effectuant au hasard des pauses effectuées autour de la machine à café. « Aujourd’hui, poursuit Pierre-Alexandre, les personnes se voient moins. Les entreprises ont beaucoup perdu avec la réduction des échanges directs. Par conséquent, le bureau de demain est voué à se transformer en un lieu de socialisation. Dans le même temps, il doit être upgradé pour apporter un surcroît de confort lors de réunions et autres activités interactives. C’est ce que l’on recherche désormais quand on se rend à son siège social ».
… authentiques, où la technologie participe au lien social
Cependant, il convient de conserver une certaine authenticité dans les échanges. Toutes les entreprises n’ont pas nécessairement les mêmes besoins ni les mêmes manières de travailler. « Au sein de notre entreprise, par exemple, certains collaborateurs célibataires vivant dans Paris n’ont aucune envie de passer toute la semaine chez eux, isolés. Ils préfèrent venir travailler au bureau, malgré le temps de trajet ». Les entreprises doivent par conséquent optimiser leurs surfaces, les adapter aux besoins de chacun de leurs collaborateurs, tout en les rendant agréables de façon à retrouver le niveau de performance d’avant la crise sanitaire.
De ce point de vue, la technologie joue un rôle-clé. Autrement dit, les systèmes de réunions à distance doivent se montrer performants et ludiques. Deux personnes doivent pouvoir être en mesure de se réunir de manière facile et agile, sans que la distance physique ne gêne leurs interactions.
Sowen et le volet environnemental du réaménagement des bureaux
En outre, la dimension environnementale est de plus en plus recherchée par les entreprises, dans le cadre de leur démarche RSE. « C’est la raison pour laquelle, lorsque nous créons des espaces, nous avons recours à des matériaux à impact environnement faible. Au niveau des sols, nous proposons des moquettes en tissus recyclés. Le mobilier intègre des matières recyclées à partir de bouchons en plastique, par exemple ». De la même façon, Sowen recherche des fournisseurs locaux afin de privilégier les circuits courts.
Sowen : le pouvoir évocateur du nom d’une société, par Pierre-Alexandre Pillet. Photo : (c) Sowen. Podcast : (c) LaTDI
Cependant, l’éco-responsabilité implique souvent des prix plus élevés, ou un allongement des délais. Comme l’explique Pierre-Alexandre, « les matériaux éco-responsables ne sont pas toujours proposés dans la bonne couleur ou selon les bonnes dimensions. Les délais d’attente s’en retrouvent allongés. Le réemploi, le recours à la seconde main sont chronophages, par rapport au simple fait de tout reprendre à zéro. La filière est en train de s’organiser. Pour nous cependant, ce type de préoccupations environnementales constitue un axe de croissance important sur la période 2023-24 ».
Sowen et l’hybridation des espaces : fusion entre les mondes de l’hôtellerie et du travail
Dernière évolution sur laquelle Pierre-Alexandre souhaite insister : l’hôtellerie influence désormais le monde du bureau, avec la multiplication des espaces de coworking, par exemple. Accor a ainsi appris à gérer certains espaces vacants en les transformant et en les adaptant. Au lieu de passer simplement une nuit dans ses établissements, les clients viennent désormais y passer la journée en consommant sur place. Certains restaurants ont également travaillé les codes habituellement réservés à l’habitat ou l’hôtellerie, pour offrir des espaces de travail conviviaux.
Que le collaborateur soit au travail, chez lui, dans un hôtel ou au restaurant, il a envie de passer un moment agréable, en mixant ses usages. Pierre-Alexandre constate donc une hybridation des espaces, où travail, vie, loisirs et voyage sont en train de s’amalgamer.
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Cela va de pair avec la recherche d’une certaine flexibilité. « Je prendrai l’exemple des cabines (ou pods) acoustiques, appréciés par nos clients en vue d’organiser des réunions d’une demi-heure, à deux ou à trois. Ces produits connaissent une forte demande, car ils peuvent être réutilisés, réadaptés dans d’autres lieux, en cas de déménagement ».
Vers une plus grande modularité des espaces de travail
Pour concrétiser ce type de projets de réaménagement de bureaux d’entreprises, Sowen intègre dans sa prestation à 360°, une importante dimension de conseil. « Le design de nouveaux espaces de travail passe par de longues discussions avec nos clients. Au cours de ces échanges, nous auditons leurs manières de travailler et prenons en considération leurs valeurs, besoins et objectifs ». Cela implique l’intervention de designers d’intérieur, concepteurs graphiques, etc. qui vont modéliser les intérieurs. Ensuite seulement, Sowen passe à la conduite des travaux et l’aménagement concret des espaces.
À l’heure actuelle, les projets d’aménagement des bureaux des entreprises passent donc par l’affirmation forte de leur image et aussi par la mise en œuvre de solutions modulaires. Autant de prestations qui font partie de l’ADN de Sowen.
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