Avec 20 millions de personnes de plus de 60 ans à l’horizon 2030, force est de constater le vieillissement de la population française. En conséquence, les besoins liés au grand-âge prennent chaque jour plus d’importance. Par exemple, comment assurer l’alimentation correcte des séniors ? Nutrisens, entreprise spécialisée dans la nutrition clinique, a pour but de faire retrouver à ces derniers leur appétit grâce à des aliments spécialement étudiés. Nous avons interrogé Georges Devesa, CEO de Nutrisens, afin qu’il nous explique comment il s’y prend pour stimuler l’appétit de nos aînés.
Diplôme de l’ISC, école de commerce parisienne, Georges Devesa fonde Nutrisens en janvier 2011. Ayant accompli l’ensemble de sa carrière dans l’agro-alimentaire, il développe un intérêt particulier pour les solutions alimentaires visant à faciliter la vie des personnes âgées et des malades. Selon Georges, « le moment du repas est l’un des derniers plaisirs pour ces individus fragilisés. Nous vivons de plus en plus vieux, certes. Mais pas nécessairement en bonne santé, si bien que la qualité de vie des séniors se dégrade ». En témoigne l’explosion du nombre de patients atteints de maladies chroniques. Parmi ces dernières, citons le diabète, l’hypertension, les cancers et autres problématiques liées à des opérations chirurgicales.
Par conséquent, la société de Georges s’adresse aux personnes âgées dépendantes mais aussi à celles qui vivent avec une maladie chronique. En France, l’âge moyen de ces dernières est de 58 ans. Parmi les clients de Nutrisens, on compte également des enfants handicapés ou présentant des allergies alimentaires. Cependant, « sur 100 consommateurs de produits Nutrisens, 85% sont des seniors », observe Georges.
Les métiers de Nutrisens : alimentation médicale et nutrition clinique
L’alimentation médicale à l’attention des personnes venant de se faire opérer ou souffrant de maladies chroniques
Comme l’explique notre interlocuteur, « nous avons deux métiers : l’alimentation médicale et la nutrition clinique ». La première recouvre les aliments pris au moment des repas, adaptés aux pathologies évoquées précédemment. Ils sont généralement préparés par des cuisiniers dans des hôpitaux et des maisons de retraite.
Ils peuvent prendre la forme de plats tel qu’un mijoté de bœuf, riche en protéines, enrichi en vitamines, réduit en potassium et en phosphate. Cette recette est proposée par Nutrisens plus particulièrement aux patients en dialyse. Nutrisens propose également des potages riches en calories et en protéines. Ils favorisent la cicatrisation des personnes venant de se faire opérer.
La nutrition clinique : des compléments à prendre en dehors des repas pour les personnes dénutries
Deuxièmement, en dehors des repas, il convient de trouver des solutions pour les personnes présentant de véritables carences alimentaires. Dans ce cas, les médecins leur prescrivent des compléments nutritionnels. Ces derniers se présentent sous la forme de boissons, goûters, collations riches en protéines ou en calories pour compléter le repas.
En effet, une personne dénutrie a besoin d’absorber beaucoup de protéines, à l’image d’un sportif. Mis à part qu’un sportif est naturellement en mesure d’ingérer des œufs, des boissons protéinés, etc. Une personne âgée ou malade, au contraire, n’a pas assez d’appétit pour manger la quantité de protéines dont elle a besoin. « Par conséquent, explique Georges, nous complétons l’alimentation du patient par des boissons ou desserts enrichis en protéines. C’est cela la nutrition clinique ».
Finger food à l’attention des patients atteints de dégénérescence cognitive
Parmi les maladies chroniques, on compte celles qui atteignent les capacités cognitives (Alzheimer, Parkinson, etc.). Ce type de patients perd la sensation de faim. Il convient donc de stimuler son envie de manger par de la couleur. « Or, poursuit Georges, si vous prenez trois personnes atteintes d’Alzheimer, la première va être attirée par le rouge, la deuxième, par le bleu et la troisième, enfin, par le vert. Si vous leur servez un bœuf bourguignon, il est probable que deux patients sur trois n’en voudront pas. Nous proposons donc des compléments alimentaires avec des couleurs vives : carottes, légumes ou viande. Car cela stimule les capacités cognitives du patient, et partant, son appétit ».
De plus, une personne atteinte d’Alzheimer ou d’une autre dégénérescence cognitive aura vraisemblablement du mal à tenir ses couverts. Nutrisens adapte les plats pour qu’elle puisse manger avec les doigts. « C’est ce qu’on appelle la finger food. Ce type d’aliments n’est pas sans rappeler les aliments tels que les anneaux de calamar ou les ailerons de poulet à partager, que l’on commande au restaurant. On appelle cela aussi le ‘manger-main’, c’est-à-dire le manger avec les doigts pour que cela soit plus simple ».
Enfin, une personne atteinte de dégénérescence cognitive ne mange généralement pas longtemps. Elle se lasse vite et oublie rapidement qu’elle est en train de manger. D’où la nécessité de booster ses aliments par des poudres protéiques ou caloriques. Finalement, « nous proposons des produits attractifs visuellement, faciles à mastiquer et à manger avec les doigts, et enrichis en protéines », conclut Georges.
Des aliments souples contre la fausse route (dysphagie)
Autre point sur lequel Nutrisens travaille : la texture des aliments, notamment vis-à-vis des personnes souffrant de dysphagie. Contre ces problèmes de fausse route, Nutrisens propose des aliments à la texture adéquate. Ces derniers laissent le temps au ‘clapet’ de fonctionner. Comme nous l’explique notre interlocuteur, « nous faisons des mesures de rhéologie. Il s’agit de la discipline scientifique étudiant la déformation et l’écoulement de la matière ».
Prenons le cas d’une gelée de mûres. Prenez-en une cuillerée : le morceau de gelée va tomber si vous faites basculer la cuillère. En revanche, dans le cas d’une compote de pommes adéquatement mixée, cette dernière va s’écouler doucement. « Nous travaillons sur ce type de propriétés pour permettre aux patients d’absorber des aliments aussi souples que possible », poursuit Georges.
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Les aliments à texture adaptée se révèlent donc particulièrement indiqués pour les personnes âgées ayant du mal à mastiquer et avaler. Cela évite les fausses routes. Ils sont également idéaux pour celles qui n’ont plus beaucoup d’énergie pour manger.
Nutrisens rachète Glutamine : un réseau de distribution étendu et une offre plus complète
Pour l’instant, les produits Nutrisens sont distribués par les biais des hôpitaux, des maisons de retraite, des cliniques, des centres accueillant des personnes handicapées ou des patients souffrant d’Alzheimer. En outre, on peut également les acheter en pharmacies. Nutrisens travaille donc essentiellement avec les professionnels de santé. Cela provient du fait que ses produits se consomment généralement sur prescription médicale.
Pour élargir son marché, Nutrisens a récemment acheté une société portugaise du nom de Glutamine. « Cela présente un double intérêt pour nous. D’une part, Glutamine étant bien implantée au Portugal, ce nouveau territoire s’offre à nous. D’autre part, comme elle est spécialisée dans les maladies métaboliques, cela nous permet de compléter notre offre ».
Georges Devesa (CEO de Nutrisens) se félicite de voir l’image de son entreprise grandir de jour en jour. Photo : (c) Nutrisens. Vidéo : (c) LaTDI.
Car le but de Nutrisens est de proposer une gamme de solutions pour l’ensemble des pathologies. « Nous n’avions jusqu’à présent aucun savoir-faire concernant les maladies métaboliques. Pour information, ces dernières empêchent de métaboliser les protéines absorbées. Glutamine a donc développé une offre de produits intégrant des protéines très spécifiques, qui seules peuvent être ingérées par les malades ».
Outre le fait que Nutrisens bénéficie d’un nouveau distributeur au Portugal, elle élargit ainsi la gamme de son offre vis-à-vis de sa clientèle existante. De quoi consolider les résultats de cette PME dynamique, présente sur un marché en pleine croissance, à l’image de la silver économie dans son ensemble.
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