En 2020, Gilles Litman est encore VP Digital Health chez Sanofi. En quête de réinvention, attiré par l’entrepreneuriat, il décide de quitter ses fonctions pour rejoindre la startup Remedee Labs en tant que Chief Business Officer. Cette dernière commercialise un bracelet diffusant des ondes millimétriques stimulant la production d’endorphines, anti-douleur naturel du corps, associé à un accompagnement personnalisé ainsi qu’à une plateforme digitale de services. Une solution non-médicamenteuse pour soulager la douleur chronique !
Gilles Litman passe 20 ans dans l’industrie pharmaceutique chez Sanofi. Il se passionne notamment pour la santé digitale. Car il réalise le champ des possibles ouvert par l’arrivée des dispositifs connectés, de la data et autres plateformes digitales. « J’ai entrevu la façon dont cela pourrait améliorer la prise en charge des patients chroniques. Cela m’a donné l’envie d’ouvrir un nouveau chapitre de ma carrière et d’entreprendre ».
Aux origines de Remedee Labs
Au départ de Remedee Labs, nous trouvons David Crouzier, un scientifique ayant travaillé au service de santé des armées. Il redécouvre le principe des ondes millimétriques. Émises à très haute fréquence par le bracelet Remedee Labs, elles stimulent les terminaisons nerveuses du poignet. David rencontre le deuxième fondateur, Michael Foerster, alors ingénieur au sein du CEA et de Clinatec. C’est donc la rencontre entre la science et la technologie qui permet d’aboutir à l’innovation Remedee Labs.
Les deux hommes s’adjoignent les services de Jacques Husser. Ce dernier devient le PDG de l’entreprise, car il bénéficie d’une expérience significative dans la gestion d’entreprise. Ce trio crée Remedee Labs fin 2016. Gilles Litman les rejoint en 2021 en apportant son expérience du monde de la santé.
Comme tient à le préciser Gilles, « Remedee Labs, c’est une quarantaine de personnes en tout. Parmi lesquelles nous comptons notamment des datascientists, coachs santé (neuropsychologues, nutritionnistes, infirmiers), cliniciens pour conduire les études, ainsi que, bien entendu, des ingénieurs pour la partie hardware, software et firmware ». Gilles en est convaincu : « le fait de faire travailler ces divers profils ensemble est à l’origine des innovations dans le secteur de la santé ».
La prise en charge de la douleur chronique dans le monde d’avant
Comme notre interlocuteur le rappelle, la douleur chronique est un problème majeur de santé publique. Plus de 12 millions de personnes en souffrent en France, soit 20% de la population. De plus, deux-tiers d’entre elles ne sont pas complètement soulagées par les traitements traditionnels. Parmi ces derniers, on trouve les médicaments, les cures de balnéothérapie, les séances d’acuponcture ou encore l’activité physique. Il existe donc un besoin important d’améliorer la qualité de vie de ces personnes, très altérée par la douleur, sans compter les troubles du sommeil.
De plus, la douleur chronique s’accompagne dans certains cas de formes d’anxiété et de dépression, qui peuvent déboucher sur l’absentéisme. Enfin, certains traitements disponibles sur le marché à l’heure actuelle ne sont pas sans présenter des effets secondaires indésirables. Parfois, ces derniers sont même létaux, comme le montre la crise des opiacés que traversent les États-Unis. Il est donc urgent de mieux prendre en charge la douleur chronique. C’est le sens des recommandations sur le parcours du patient douloureux chronique publiées par la Haute Autorité de Santé en février dernier.
Remedee Labs : une approche bio-psycho-sociale
S’inspirant de la pratique des centres de la douleur, Remedee Labs s’inscrit dans une approche bio-psycho-sociale. « Nous adoptons une approche globale de la personne. Notre offre se décline autour d’un bracelet stimulant la production d’endorphines. À cela, nous ajoutons un accompagnement personnalisé (coachs, etc.) et une plateforme digitale de services. Cet ensemble constitue l’offre Remedee Labs. Nous prenons donc en charge non seulement les aspects physiologiques, mais aussi psychologiques et sociaux de la douleur chronique ».
Remedee Labs adresse plus particulièrement les douleurs nociplastiques, correspondant à une hypersensibilité centrale amenant le cerveau à mal interpréter le signal de la douleur. Elles se distinguent des douleurs nociceptives dues à des lésions, ou encore des douleurs neuropathiques liées aux nerfs. L’arthrose, mais aussi la fibromyalgie représentent des exemples de douleurs nociplastiques. Rappelons qu’Ameli définit la fibromyalgie comme une « affection chronique caractérisée par des douleurs diffuses persistantes et une sensibilité à la pression. Le plus souvent, ces douleurs sont associées à d’autres signes évocateurs comme une fatigue intense, des troubles du sommeil, etc. »
De la collecte des données de vie réelles aux études cliniques
Gilles rappelle que l’offre Remedee Labs est déjà disponible sur le marché, en tant que proposition ‘bien-être’. Cela permet à la startup de collecter des « données de vie réelles » utiles pour améliorer l’expérience utilisateur. Elles révèlent ainsi une adhérence exceptionnelle des personnes au traitement, de même qu’une amélioration générale de leur qualité de vie et de sommeil.
Grâce aux données de vie réelles qu’elle collecte en conformité avec la réglementation, la startup a d’ores et déjà convaincu certains investisseurs et partenaires potentiels. Ainsi, l’assureur Generali, actionnaire de Remedee Labs, pourrait proposer à terme une prise en charge du dispositif de la startup. Comme le rappelle Gilles, « nous sommes déterminés à obtenir la meilleure prise en charge possible pour que le plus grand nombre puisse avoir accès à notre solution ».
Mais Remedee Labs ne compte pas s’arrêter en si bon chemin. Parce qu’elle a un positionnement résolument médical, elle conduit des études cliniques dans un cadre rigoureusement scientifique. Ainsi, concernant l’arthrose, les résultats de l’étude clinique menée avec le CHU de Grenoble Alpes ont fait l’objet d’une présentation devant le congrès européen de rhumatologie (EULAR) à Milan, le 2 juin dernier. Il est ainsi démontré que « grâce à une utilisation régulière du bracelet Remedee Labs pendant trois mois, à raison d’une à trois fois par jour, les patients souffrant d’arthrose périphérique (cheville, genou, hanche, épaule, coude, doigt) ressentent une diminution significative de la douleur. De même, la qualité de leur sommeil et de leur vie s’améliore ».
Passer du statut de proposition bien-être à celui de dispositif médical
Remedee Labs compte s’appuyer sur les résultats de ses études cliniques pour obtenir l’approbation des autorités de régulation de la santé, aussi bien aux États-Unis qu’en Europe. Comme Gilles le souligne, « nous avons déjà obtenu de l’autorité américaine, la FDA, connue pour son niveau d’exigence, le statut de ‘Breakthrough Device’, concernant la fibromyalgie. La FDA a ainsi reconnu le potentiel innovant de notre technologie pour cette pathologie qui ne bénéficie, à ce jour, d’aucun traitement efficace ».
Afin de passer du statut de proposition bien-être à celui de dispositif médical pleinement reconnu par les autorités, Remedee Labs finalise actuellement une étude clinique spécifique sur la fibromyalgie. « Nous espérons être la première solution approuvée pour le traitement de cette maladie. Il y a une attente immense des patients, des médecins et de l’ensemble des acteurs du système de santé. En outre, de l’obtention de ce label dépend le remboursement par la sécurité sociale de notre dispositif. »
Recevoir le label de dispositif médical (CE Médical) par un organisme notifié est donc une absolue priorité pour Remedee Labs. Cela passe par le fait de monter un dossier technique et clinique, tout en se soumettant à un audit. « Nous espérons obtenir ce label au milieu de 2024 », espère Gilles, confiant.
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Les rapports humains au cœur de la solution Remedee Labs
Afin d’assurer le succès de sa solution, Gilles est absolument convaincu, par philosophie personnelle, mais aussi par expérience, que rien ne remplace le lien humain. « C’est la raison pour laquelle, lorsque vous souscrivez à la solution Remedee, des coachs vous accompagnent tout au long de votre parcours. Car nous avons tous besoin de relations et de soutien humains, notamment quand nous souffrons d’une pathologie qui nous isole ».
Le recours à l’automatisation ne se fait que pour décharger les coachs de certaines tâches administratives ou récurrentes. Le but consiste à leur permettre de se concentrer sur la relation avec l’utilisateur. Cette dernière se fait par téléphone et à travers le chat de l’application.
Selon Gilles, « le souci de maintenir le lien humain est à l’origine de l’adhérence exceptionnelle manifestée par les utilisateurs de Remedee Labs. En effet, les personnes ayant recours à notre solution depuis au moins un an utilisent notre bracelet en moyenne 2,7 fois par jour — quand la recommandation est de trois fois par jour. J’ai très rarement vu un tel degré d’adhérence. Nous pensons que cela provient des bénéfices ressentis par les utilisateurs, mais aussi de tout ce que nous proposons autour ».
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