Face à l’abondance des discours sur la masculinité, féministes notamment, Marc Dujarric (coach, comédien ou encore masseur) a voulu se réapproprier l’identité masculine. Avec Marie-Ange Botta, social media manager, il a interrogé l’identité masculine, la sienne, celle d’autres hommes, de même qu’il a voulu challenger certaines conceptions féministes. En revisitant les acquis de la théorie du genre, Marc et Marie-Ange brossent un portrait de la masculinité nuancé via HOMME le podcast, à écouter tout au long de l’été…
Social media manager free lance, Marie-Ange Botta accompagne et fait vivre les projets de ses clients sur les réseaux sociaux. Elle accompagne notamment Marc Dujarric depuis bientôt deux ans. Quant à ce dernier, de par ses activités de coach, il « transmet l’amour universel », faisant en sorte que les personnes apprécient davantage la « symbiose entre leur âme et leur personnalité. Je fais cela de deux façons : horizontalement, pour apprendre à connaître le fonctionnement de chaque personnalité, au travers de stages ; verticalement, entre spiritualité et sexualité, par le biais de massages, notamment ». Aujourd’hui, HOMME le podcast, qu’ils ont réalisé ensemble, s’inscrit dans l’analyse de la relation à l’autre.
HOMME le podcast : mettre fin au monopole féministe sur le discours sur la masculinité
Marc est profondément marqué par ses nombreuses lectures sur le sujet de l’identité masculine, de même que par son écoute de podcasts féministes. Comme il l’affirme, il vient d’un monde bourgeois, noble, puissant, dominé par la figure de l’homme blanc, cis, hétéro. Pourtant, il perçoit beaucoup de tristesse, de solitude, et d’isolement dans ce milieu, particulièrement chez les hommes. Il constate donc un décalage entre l’image d’une caste d’êtres privilégiés et la pauvreté de leur intériorité.
Il lui aura fallu vingt ans avant d’oser articuler, de prendre la parole, allant même jusqu’à exprimer une certaine colère à l’encontre des critiques féministes vis-à-vis d’une domination masculine qu’il questionne. En fréquentant des cercles de paroles d’hommes, Marc réalise que le quotidien d’un homme est très différent, finalement, de ce que reflètent nombre de discours féministes. Il prend l’exemple de Maïa Mazaurette qui, sur son compte Instagram, part interviewer plusieurs hommes. Au terme de son expérimentation, elle se rend compte que ces derniers ne sont pas du tout comme elle les avait imaginés.
Une inhabilité à pouvoir aimer
Marc se rend notamment compte de la difficulté d’un grand nombre d’hommes à pouvoir aimer aussi bien que les femmes. Or, poursuit Marc, « le but de l’existence revient à aimer. C’est une des missions fondamentales de tous les êtres qui viennent sur cette Terre. Donc, si les hommes ne savent pas aimer, nous sommes face à un problème ».
Quant à Marie-Ange, elle reconnaît que HOMME le podcast est le fruit d’une démarche impulsée par Marc. « Il m’en a parlé pendant l’une de nos séances de travail. Pour moi, l’identité masculine est un sujet universel. En tant que féministe, je me pose la question de la place des femmes dans la société, ce qui revient nécessairement à questionner celle des hommes aussi ».
Les différents thèmes abordés par HOMME le podcast
Comme le rappelle Marie-Ange, deux approches président à la préparation de HOMME le podcast. « Marc avait pris un peu d’avance, car il réfléchissait au contenu qu’il souhaitait proposer depuis un certain temps déjà. Nous avons donc établi ensemble une liste de personnes que nous voulions recevoir, car nous animons ce podcast autour d’un invité différent à chaque fois. Chaque personnalité ayant un sujet de prédilection ». Nos deux acolytes évoquent par exemple la question de la contraception masculine avec certains de leurs invités. Car ces derniers ont écrit une BD sur le sujet. Ou bien alors ils ont inventé un système de contraception masculine. De façon générale, « nous évoquons avec nos invités des sujets que Marc souhaitait aborder depuis longtemps ». Au fil des discussions entre eux, de nouvelles idées sont apparues, aussi.
Selon Marc, les deux co-intervieweurs ont mis dans leur podcast leurs envies communes. « Puis nous avons voté pour savoir quelles idées nous allions conserver. Par la suite, l’évolution entre le projet et sa réalisation s’est faite spontanément. Il est vrai que j’avais une idée assez précise du lieu vers lequel je souhaitais emmener chacun de nos invités. Par la suite, j’ai trouvé plus intéressant de les laisser parler d’eux, de ce dont ils avaient envie ».
Comment HOMME le podcast a changé Marie-Ange Botta et Marc Dujarric
Au sortir de cette expérience, Marie-Ange s’est sentie remplie d’espoir. Quels que soient les invités, elle se rend compte que tous se rejoignent dans leur volonté d’aboutir à plus de paix et de tolérance de par le monde. « Nous revenions sur des sujets similaires, sans concertation préalable et sans que les invités ne connaissent l’identité des autres interviewés de la saison ».
Plus profondément, Marie-Ange n’a pas l’impression d’avoir radicalement changé d’opinion. « En effet, nous nous sommes beaucoup préparés avant chaque enregistrement. Nous nous sommes informés, nous avons réfléchi aux questions ensemble. Dans ces conditions, il était difficile de se laisser complètement surprendre ». Le fait de co-animer le podcast a permis à nos deux acolytes d’apprendre à se connaître, dans la douceur et la tendresse. Cela, en soi, a représenté une expérience très enrichissante.
Marie-Ange note toutefois qu’à certains moments, Marc donnait l’impression d’être si avancé dans son raisonnement qu’il avait tendance à donner sa conclusion sans prendre le soin d’expliquer les étapes intermédiaires. Cependant, en constatant que les invités faisaient l’effort de comprendre le raisonnement de Marc, cela l’a beaucoup apaisée.
Quand le type de petit déjeuner que Marc Dujarric affectionne se transforme en révélateur de son statut d’homme blanc privilégié (sic), selon Marie-Ange Botta… Photos : (c) HOMME le podcast. Vidéo : (c) LaTDI
Marc Dujarric : questionner les normes en osant parfois déplaire
De son côté, Marc reconnaît que la réalisation de HOMME le podcast lui a permis d’avancer sur un plan personnel. Il a aussi gagné en confiance. « J’ai pu oser, prendre la parole, parfois au risque de déplaire. Or, cela n’est pas évident pour moi. Cependant, il est difficile de questionner les normes sans déranger ».
Concernant le genre, Marc se sent à présent moins isolé, davantage connecté. Car certains de ses invités partageaient manifestement ses opinions. Lorsqu’ils avaient des opinions différentes, il les a toujours écoutées avec grand intérêt. Le cas s’est présenté lorsqu’ils ont reçu Noémie de Lattre. Cette dernière, féministe engagée, a revu sa position au fur et à mesure de leurs conversations…. Noémie de Lattre a fini par admettre qu’elle comprenait que Marc puisse dire « not all men » et qu’il n’entre pas nécessairement dans la catégorie des oppresseurs. Même s’il correspondait au portrait-robot de l’homme blanc privilégié.
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Les coulisses de HOMME le podcast
La réalisation de HOMME le podcast repose sur le fait pour les intervieweurs de s’être profondément imprégnés du travail des interviewés. Concernant les figures publiques, Marie-Ange connaissait leur travail, certes, même si elle ne les avait jamais rencontrées personnellement. « Je me suis donc plongée dans un travail de fond et de recherches sur chaque invité. Marc a ensuite mis en forme les questions ».
Par la suite, l’enregistrement a été « fait maison ». « Marc est venu chez moi. Je lui ai laissé mon appartement pendant les cinq jours qu’a duré l’enregistrement. Nous avons transformé mon salon en studio d’enregistrement. Nous avons enregistré les épisodes en quelques jours, à la file, en plusieurs heures de visio quotidienne avec chacun de nos invités. Compte tenu de l’éloignement géographique, il était impossible de réaliser les interviews en présence de tout le monde ».
Quant à Marc, il connaissait personnellement la majorité des intervenants de la saison 1. Quant aux autres, il s’est abondamment renseigné sur leur travail. Il a ainsi pris le temps d’écouter de nombreux épisodes de « Vlan », le podcast de Gregory Pouy sur les questions de société. Concernant Maxime Labrit, à l’origine d’un système de contraception masculin, Marc l’avait déjà testé sur lui pendant six mois. « J’avais cheminé pendant trois ans avant de sauter le pas et d’utiliser le système de contraception de Maxime. Au moment de le rencontrer, j’avais donc une connaissance intime de son travail ! »
À tous ceux qui ont envie de réfléchir sur la place des hommes (et des femmes) dans la société d’aujourd’hui, Marie-Ange et Marc commencent par poser une question liminaire, toujours la même : « Qu’est-ce que c’est qu’un homme, pour toi ? »
Références :
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