En 2020, les retours de produits ont généré 500 millions d’euros de chiffre d’affaires non-réalisé en France dans le secteur de la mode. Fort de ce constat, Gaël Seydoux met à profit sa spécialisation dans la représentation du réel en 3D dans les mondes virtuels en créant Emova. Pour faire en sorte que les expériences vécues par le consommateur dans le virtuel comme dans le réel se rejoignent. Grâce à son téléphone portable, tout un chacun peut ainsi créer son jumeau virtuel, auquel il pourra ensuite faire essayer lunettes, bijoux et autres couvre-chefs pour constater l’effet produit. Gaël nous donne sa vision de l’essayage virtuel.
En se concentrant aujourd’hui sur le visage et la main, Emova vise le marché de la bijouterie et de la haute-joaillerie. « En effet, note Gaël Seydoux, fondateur visionnaire de cette startup, les boucles d’oreilles se vendent souvent avec leurs bagues assorties. Sur le marché de la main, ou du poignet plus exactement, les montres représentent également un gros débouché pour nous ». En ce qui concerne le visage, Emova s’intéresse à la cosmétique, la beauté ou la coiffure (colorations, styles). Sans oublier les chapeaux, casquettes et autres couvre-chefs, ou encore les lunettes.
Emova crée votre avatar, très simplement
Emova veut permettre à tout le monde de se créer son jumeau numérique, ou avatar, avec un simple téléphone portable. En prenant simplement quelques selfies. Une fois la capture réalisée, les données sont envoyées vers le cloud où l’avatar se construit, avant que le résultat ne revienne vers le téléphone. « Nous avons besoin pour faire tourner notre modèle d’une bonne qualité d’image. Or, un iPhone 13 ou 14 fournit une qualité d’image incroyable, en termes de texture, beauté des contrastes ou douceur de la lumière sur le visage ».
Une fois l’avatar créé, l’utilisateur n’a plus qu’à essayer les produits également dématérialisés pour constater l’effet produit sur son avatar.
Dépasser l’écueil de la uncanny valley en atteignant un haut niveau de réalisme
Pour Gaël, tout l’enjeu consiste à dépasser la uncanny valley. C’est-à-dire le moment où une forme de désillusion et de détachement se crée. Car un détail du visage de la personne « tombe ». « Le rire n’est pas naturel. Ou bien alors la lumière sur la paupière présente un éclat invraisemblable. En tant qu’êtres humains, nous avons une capacité étonnante à détecter le vrai du fake. Car nous avons été habitués de tout temps à reconnaître un visage. Ainsi, nous sommes sensibles à sa beauté, ou bien nous sommes habitués à ses irrégularités ».
Le nombre de paramètres à prendre en compte pour atteindre un tel niveau de réalisme est donc très important !
La contrainte de l’immédiateté
Pour dépasser la uncanny valley, Gaël et ses équipes commencent il y a deux ans par utiliser la photogrammétrie. Cette technique consiste à prendre un grand nombre de photos du visage, jusqu’à plusieurs centaines. Chacune avec différents paramètres de lumière, d’expression, etc. Cela permet de reconstruire l’avatar au plus près de son modèle réel. « Le rendu est très beau et très fidèle, mais le processus est trop long et coûteux ».
Car Emova n’a pas le luxe de passer plusieurs heures à construire ses avatars. Un utilisateur arrivant sur un site en ligne veut pouvoir profiter de son jumeau numérique immédiatement, afin de se plonger dans l’expérience sans délai.
Emova change alors de technologie en passant à l’intelligence artificielle, et plus particulièrement le deep learning. « Nous utilisons des GAN (Generative Adversarial Networks). Il s’agit d’une nouvelle technologie permettant en quelques secondes de reconstruire un visage. Cela fait un an que nous travaillons ce sujet. Nous sommes en train d’en finaliser la mise au point ». Car il s’agit d’obtenir un résultat suffisant, sous contrainte de temps et de coût, pour que l’utilisateur puisse se reconnaître et adopter son avatar. Avant qu’il ne commence à lui faire essayer des produits.
Emova vous crée plusieurs identités dans les mondes virtuels
Gaël réfléchit également à un autre aspect de l’expérience qu’il propose. Il anticipe la réaction de ses utilisateurs. Les personnes ne vont ainsi pas forcément accepter ce qu’elles voient. Elles se diront : « je me regarde dans le miroir et je ne me trouve pas beau : je vois mes rides, ma peau un peu flétrie. Et j’ai l’air terriblement fatigué ! » Grâce à Emova, tout utilisateur sera en mesure de se créer autant d’avatars qu’il le souhaite. « Je rentre de la plage, je suis bronzé, je me crée mon avatar à ce moment-là et je le stocke en l’appelant : avatar bronzé plage ».
Ou bien la personne va en soirée, et dans ce cas elle se maquille. Elle peut donc se faire un avatar maquillé. « Notre solution donne la possibilité de se créer plusieurs identités. Un peu comme au bal masqué ou bien dans la comedia dell’ arte. Chaque personne pourra ainsi éprouver le plaisir de changer son apparence pour montrer différentes facettes de sa personnalité ».
Grâce à certains filtres, Emova donne la possibilité d’éliminer les défauts de la peau, d’enlever les rides, etc. À l’autre extrême, l’utilisateur peut se dupliquer à l’identique, en reprenant défauts, rides, boutons, rougeurs, etc. « Nous laissons à l’utilisateur le soin de placer le curseur là où il le souhaite ! »
La solution Emova conforme à la protection des données personnelles (RGPD)
Grâce à la blockchain, Emova prend bien soin de laisser la propriété de chaque avatar à son originateur. « Ceci est très important. La marque ne possède pas l’avatar des utilisateurs. En effet, l’image ayant permis de créer l’avatar entre dans le périmètre du RGPD. L’avatar lui-même est également RGPD car il est biométrique. Inutile de préciser que nous avons bien questionné cette problématique avec nos juristes ».
La solution d’Emova, fondée sur la blockchain privée, permet de donner la propriété de l’avatar à son utilisateur. Par la suite, ce dernier peut céder ses droits à la marque pour qu’elle l’autorise à essayer un objet de sa collection. Or, l’objet en question appartient à la marque (montre, boucle d’oreille, etc.). Tant qu’elle n’a pas été vendue, la boucle d’oreille Hermès, par exemple, est la propriété de la marque. Tout comme le fichier 3D la représentant dans le virtuel. « Ce fichier 3D ne quitte jamais notre cloud, ultra-sécurisé. Une fois que la transaction est finalisée et que l’utilisateur a acheté la version réelle de cette boucle d’oreille, il pourra aussi en acheter la version 3D ».
En magasin ou chez soi
Emova s’adapte à une expérience en ligne ou en magasin. « À la rentrée, nous démarrons notre partenariat avec La Fabrique de Lunettes pour que les clients puissent faire des essayages en magasin. Ces derniers, munis d’une tablette, se scannent, regardent leur avatar sur la tablette en lui faisant essayer différentes paires de lunettes. Ils ont ainsi accès à une variété infinie de couleurs, motifs et autres matières. Ils peuvent en parallèle essayer la paire de lunettes dans le réel en magasin. Tout en sachant qu’ils n’auront pas à leur disposition l’ensemble des variations permises par le virtuel ».
En outre, la solution Emova fonctionne également chez soi, avec un téléphone ou une tablette.
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Le modèle économique d’Emova
La solution Emova est commercialisée en Saas (solution logicielle hébergée dans le cloud). Elle donne lieu à une redevance fixe correspondant aux frais d’intégration sur le site e-commerce de la marque. Ce fixe intègre également la digitalisation des assets (lunettes, produits de maquillage, chapeaux, bijoux). « Ensuite, nous avons un revenu MRR (revenu récurrent mensuel) en fonction de l’usage ».
Finalement, la marque mesure son retour sur investissement en constatant un accroissement de son taux de transformation en ventes. De plus, comme l’expérience est meilleure (immersion, lien avec le produit plus fort, et donc moins d’erreurs sur l’achat), cela diminue les retours de produits. Emova contribue ainsi à résoudre l’un des principaux problèmes du e-commerce en diminuant la part de chiffre d’affaires non-réalisée.
Démo Emova. Photo et vidéo : (c) Emova. Musique : (c) ES_Pisces – Sayuri Hayashi Egnell.
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