S’il y a bien une chose qui désole Nadia Domec, c’est que la manne virtuelle des cryptos soit uniquement consacrée à des opérations purement spéculatives. Au lieu d’être réinjectée dans l’économie réelle. Et de fait, qui accepte les paiements en cryptos à l’heure actuelle ? Très peu de monde, notamment parmi les petits commerçants. Ayant fait ce constat, Nadia fonde PayInnov en 2021. Grâce à sa solution, coiffeurs, restaurateurs, bijoutiers, agents de voyages, etc. peuvent désormais accepter de se faire payer en cryptos. Alors, sera-t-il possible de régler demain sa baguette en Bitcoins ?
Ingénieure de formation, Nadia Domec commence à travailler pour Ingenico entre 1986 et 1997. Elle passe ensuite par le Groupement des Cartes Bancaires de 1997 à 2000, où elle est responsable du télépaiement. Elle s’occupe notamment du projet Iti Achat concernant les paiements sur les téléphones mobiles, en collaboration avec France Télécom Mobiles et Motorola. Puis elle passe chez Canal + (2001-2003), en travaillant auprès de la direction e-commerce et sécurité du groupe. Là, elle lance un projet visant à permettre aux abonnés de pouvoir parier sur des courses de chevaux en utilisant leur carte bancaire.
Nadia Domec, spécialiste monétique et paiements sécurisés
En 2009, elle rachète une entreprise spécialisée dans l’encaissement, Datronic. Parmi ses clients, elle compte le groupe UGC. Pour ce dernier, elle s’occupe de la billetterie ciné ainsi que des achats de produits de confiserie. Un autre de ses clients n’est rien moins qu’EDF. Ce dernier lui confie les paiements liés à la restauration d’entreprises.
Elle finit par revendre Datronic en 2018. Entre-temps, elle découvre la crypto par le biais de son fils, qui lui-même mine depuis qu’il a douze ans. « À présent, note-t-elle, la proportion de Français crypto-enthousiastes s’établit à 10%, en augmentation tous les ans. Parmi ces personnes, un million de détenteurs de cryptos cherchent désespérément à dépenser leurs actifs dans des achats du quotidien. Sans vraiment y parvenir ».
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En bonne ingénieure, Nadia cherche tout d’abord à bien comprendre de quoi il en retourne. Ainsi, même si elle bénéficie d’une longue expérience professionnelle dans le domaine des paiements, elle suit une formation intensive pendant dix semaines sur les cryptos et la blockchain. C’est à ce moment qu’elle fait la connaissance de ses futurs co-fondateurs. Elle leur demande s’ils seraient partants pour monter PayInnov avec elle. Ils acceptent et la société voit le jour en juin 2021.
Réinjecter les cryptos au sein de l’économie réelle avec PayInnov
Selon Nadia, « les Bitcoiners ont aujourd’hui amassé des sommes gigantesques. Et ils continuent de “réinvestir” leurs gains sur un mode spéculatif. Si bien que les petits commerçants et le grand public passent complètement à côté de ce magot ».
De leur côté, les commerçants subissent le contrecoup de crises à répétition, si bien que nombre d’entre eux mettent la clé sous la porte. La crypto pourrait pourtant aider les commerçants à trouver une nouvelle clientèle. « Or, seule PayInnov est capable de faire se rencontrer les personnes dont les wallets débordent de cryptos et les petits commerçants ».
Il est vrai qu’aujourd’hui, l’opinion publique a tendance à assimiler crypto, blanchiment d’argent et financement du terrorisme. « Et si on considérait au contraire que la crypto était un type d’actifs que l’on pouvait maîtriser ? Pourquoi ne pas permettre à nos commerçants d’accepter certains paiements en cryptos, après avoir vérifié que cet argent était propre et qu’il ne provenait pas du darkweb ? »
Fonctionnement concret de PayInnov
Pour ce faire, PayInnov propose une application pouvant s’intégrer sur les sites marchands en ligne ou en magasins. « En ligne, nous ajoutons une application à la plateforme (widget). Elle s’installe en trente secondes. Idem pour les magasins. L’appli peut être embarquée sur les terminaux de paiement, téléphones portables, tablettes ou caisses enregistreuses ».
À partir de là, tout crypto-enthousiaste peut se présenter en magasin avec n’importe quel type de wallet. Ou bien alors se connecter sur un site acceptant de la crypto. Il réalise son achat pour un montant de 100 €, par exemple. Le commerçant, en face-à-face ou bien via son site marchand, génère un QR code. Le client le scanne avec son wallet. Il vérifie le montant et le type de cryptos qui lui sera débité. Puis il valide.
Aussitôt, le commerçant est crédité du montant correspondant. Sur internet, le commerçant reçoit la confirmation que l’argent a bien été crédité sur son compte, avant de remettre la marchandise au client. Finalement, la transaction s’apparente à une simple transaction payée par carte bleue.
Impact sur la comptabilité du commerçant
Avec PayInnov, c’est le commerçant qui décide s’il veut garder la crypto en tant que telle ou bien s’il veut la convertir en euros. Le cas échéant, PayInnov lui crée un compte en cryptos, c’est-à-dire un wallet, sur lequel il va pouvoir recevoir de la crypto de la part de ses clients. Le commerçant reçoit cet argent instantanément, y compris pendant les weekends, jours fériés, en dehors des heures ouvrées, le tout sans commission.
Dans un premier temps, la crypto ne va représenter qu’un pourcentage minime, moins de dix pourcent peut-être, du chiffre d’affaires du commerçant. S’il a assez d’argent pour payer immédiatement la TVA sur le produit, il laisse la crypto dans son wallet. « On va même pouvoir lui proposer des systèmes d’épargne. Nous avons des partenaires qui proposent ce type de produits, telle Ambrosia, centrés autour du staking consistant à gagner des récompenses en détenant certaines crypto-monnaies. Le client pourra ainsi bénéficier d’un compte rémunéré à des taux intéressants ».
Sinon, le commerçant peut décider de changer tout ou partie de la somme perçue en euros, par le biais du prestataire et partenaire de PayInnov. Dans ce cas, il reçoit de l’euro sur un compte identifié par un IBAN précis. « Autrement dit, notre client dispose d’un compte crypto, mais aussi d’un IBAN français sur lequel atterrissent les montants qu’il souhaite convertir en euros ».
La crypto, un actif comme un autre
Concernant la partie comptabilité, PayInnov génère pour le compte de son client un fichier d’écritures comptables tous les jours, toutes les semaines ou bien tous les mois à sa convenance. Ce fichier d’écritures comptables est directement injecté dans la comptabilité du commerçant par son comptable. La crypto est alors réévaluée à la date de clôture comptable. Elle se transforme par conséquent en un actif comme un autre. Et devient l’équivalent d’un stock ou d’un produit, si bien qu’elle est intégrée à ce titre dans le bilan.
Bien sûr, en conformité avec la réglementation, PayInnov fait remplir un KYB (Know Your Business) par son client. « Ce dernier va donc enregistrer son Kbis, ses statuts, ses informations de société et de personne morale. Une fois que nous l’avons ainsi on-boardé, il devient officiellement client de PayInnov. À partir de ce moment, il peut commencer à faire des opérations comme bon lui semble ».
Qui sont les clients de PayInnov ?
Le premier client de PayInnov n’est autre qu’un barbier dont le salon se situe à Mayenne ! « Il tenait absolument à être le premier Français à accepter de la crypto. Cela a créé tout un buzz et il a fait l’objet de plusieurs articles dans la presse locale. Il s’appelle Marc Mauny ». En région parisienne, PayInnov compte parmi ses clients plusieurs restaurants. À Marseille, une agence de voyages ayant une présence sur le net ainsi qu’une boutique…
Comme le précise Nadia, « notre produit vient tout juste d’être finalisé. Nous recherchons donc activement à élargir notre portefeuille clients. Pour l’heure, nous avons un grand client confidentiel travaillant dans l’access luxe. Nous travaillons aussi avec Juribox. Et nous avons également pas mal d’étrangers. À travers la grande campagne d’acquisition clients que nous avons lancée en in-bound (en laissant venir les clients à nous), nous sommes en train de récupérer des bijoutiers, restaurateurs, hôteliers et autres agences de voyages ».
Outre un élargissement de son portefeuille clients, PayInnov cherche également des investisseurs. « En effet, nous avons tout développé jusqu’à présent en fonds propres. Or, il faut à présent que nous passions à la vitesse supérieure. Par conséquent, pour nous aider à aller chercher des clients et à nous installer sur la place, les business angels sont les bienvenus ! »
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Selon Nadia Domec, CEO de PayInnov, la solution qu’elle propose permet de réinjecter les cryptos au sein de l’économie réelle en permettant de les dépenser chez les petits commerçants. Photo : (c) PayInnov. Vidéo : (c) LaTDI.
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