Alors qu’elle effectue une mission humanitaire en Afrique du Sud, Alexandra Biedermann entre au contact de la littérature de Dee Henderson, autrice de ‘thrillers chrétiens’. De retour en Suisse, elle s’inspire de l’exemple de cette dernière et met à profit son imagination débordante. Pour Shadows, son premier roman, elle nous transporte dans l’univers sombre et électrisant d’un laboratoire biologique de haute-sécurité. Ses deux héros, Samantha et Nicolas, parviendront-ils à sauver Genève de la dispersion d’agents pathogènes capables de transformer la ville helvète en un immense cimetière… Pour nous, Alexandra est revenue sur la naissance de Shadows…
Alexandra Biedermann est dotée d’une imagination débordante. Alors qu’elle est encore à l’école, rien ne lui plaît davantage que les exercices d’écriture créative. Car elle peut alors inventer des histoires sans ressentir la moindre contrainte. « Une fois, on m’a proposé un sujet qui ne m’inspirait absolument pas. J’étais devant ma page blanche, à me demander ce que j’allais bien pouvoir raconter. Mon prof de français s’est approché et m’a demandé ce que je pensais du sujet. Je lui ai répondu que j’avais bien quelques idées, mais rien qui ne m’emmène au-delà de trois phrases. Il m’a alors conseillé de coucher ces trois phrases sur le papier. Elles me serviraient pour développer ma réflexion plus avant ».
Ce conseil libère Alexandra de l’angoisse de la page blanche… à tout jamais. Quand elle ressent un blocage, elle écrit simplement ce qui lui passe par la tête et… adieu-va ! Cette méthode lui permet de canaliser son imagination débridée. « J’ai donc commencé à écrire d’abord pour moi, pour laisser libre-cours à ma fantaisie. Au fur et à mesure, je me suis prise au jeu, en construisant patiemment mon histoire. J’avais moi-même envie d’en connaître la suite. C’est ainsi que Shadows est né ».
Laisser courir sa plume, sur un mode réaliste
Lorsqu’elle écrit, Alexandra n’a pas de plan établi à l’avance. « Je laisse plutôt courir la plume sur le papier. Parfois, je me dis que je devrais faire des fiches synthétisant les principales caractéristiques de mes personnages, mais cela m’ennuie ! »
Dans Shadows, Alexandra plonge ses deux héros, Samantha et Nicolas, dans un univers qu’elle connaît bien. « J’ai exercé pendant quelque temps la fonction d’opératrice d’alarme. J’ai ainsi beaucoup travaillé avec les services techniques du site sur lequel j’étais affecté. Cela m’a permis de pouvoir vérifier de nombreux points avec eux ». Le fonctionnement des systèmes de sécurité qu’elle décrit dans son roman réplique donc des situations réelles.
Pour la rédaction de Shadows, Alexandra contacte également le responsable de la sécurité des laboratoires de l’EPFL (École Polytechnique Fédérale Lausannoise), qui gère des laboratoires de haute-sécurité. Elle lui demande de relire certains passages de son livre pour valider les épisodes les plus techniques du roman. En outre, notre autrice réalise de nombreuses recherches sur internet. « En regroupant ces différentes sources d’informations, j’ai pu aboutir à un résultat très réaliste ».
Shadows : une écriture visuelle
Alexandra a un style très visuel, c’est-à-dire qu’elle donne pratiquement à voir les personnages et l’action comme sur grand écran. Tout est très rapide : pas de longue description ni de passages psychologiques. Les phrases s’enchaînent de façon presque chaotique. « Je visualise mon livre comme si je regardais un film. Je décris ce que je ‘vois’ en esprit ».
Lire le livre d’Alexandra représente sans doute l’expérience littéraire se rapprochant le plus du cinéma. Pour elle, l’écriture représente une échappatoire. « Pourtant, nuance-t-elle, je pense être une personne réaliste. L’écriture représente simplement ce petit moment qui n’appartient qu’à moi, durant lequel je peux laisser mon esprit vagabonder. Je n’ai même pas besoin de me concentrer particulièrement lorsque j’écris ».
Le thriller, moyen d’expression d’Alexandra Biedermann
Alexandra choisit le thriller comme moyen d’exprimer les tonalités parfois très sombres de son imagination. À chaque fois que son prof de français lui rendait ses devoirs de rédaction créative, il ressentait le besoin de s’écrier : « Alexandra, la vie n’est pas si angoissante ! » Il allait même jusqu’à lui demander si tout allait bien pour elle, si elle n’avait pas de pensées suicidaires ! Et de fait, ses personnages évoluent dans un univers très sombre…
L’autrice de thriller qui l’inspire le plus s’appelle Dee Henderson, une autrice américaine de ‘thrillers chrétiens’. « J’aime le suspens, qui est la raison d’être du thriller. Si on connaît le dénouement et le coupable dès les premières pages, ce n’est plus intéressant ! Une atmosphère sombre, du suspense, voilà pour moi les ingrédients principaux du thriller en tant que genre littéraire ».
Le fait d’être elle-même étonnée par son histoire lui permet de surprendre du même coup son lecteur. Car elle ne laisse aucun indice sur le tour que vont prendre les événements. « Si je savais à l’avance ce qui allait se passer, je risquerais de laisser des indices çà et là. Au fur et à mesure que j’écris, l’histoire prend d’elle-même une direction surprenante ».
Shadows et la présence divine
Au fil des pages de Shadows, Alexandra fait souvent référence à Dieu car Il l’inspire dans sa façon de penser. « C’est mon moteur et mon inspiration. Un peu comme mon personnage Nicolas, je demande conseil à Dieu pour chacune de mes décisions. Au fond de moi, je suis convaincue d’avoir reçu une inspiration divine pour écrire Shadows ».
Cela peut gêner certains lecteurs, en rebuter d’autres. Certains ne vont pas y accorder plus d’attention que cela. Dans tous les cas, Alexandra aborde le côté religieux avec beaucoup de respect pour les croyances de chacun, y compris les personnes athées. Pour elle-même, la foi est importante. De même, elle pense qu’il est important que les gens croient en un Dieu, quel qu’il soit, ou bien qu’ils aient un idéal s’ils ne sont pas religieux.
C’est ainsi que l’on réalise que chacun des personnages d’Alexandra renferme une petite parcelle d’elle-même. « Nicolas est très croyant, tout comme moi. Samantha a un parcours professionnel qui rappelle le mien. De plus, elle a voyagé en Afrique du Sud. La sœur de Nicolas est astrophysicienne. J’ai moi-même fait des études de physique – c’était mon rêve de devenir astrophysicienne ». Alexandra pense que tout auteur laisse un peu de lui-même dans chacun de ses livres. Soit des choses qu’il a vécues directement, soit des événements dont il a été le témoin.
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Shadows et l’actualité
Shadows est sorti une première fois en 2018. Malheureusement, la maison d’édition qui l’avait publié a fait faillite deux semaines après. Qu’à cela ne tienne, Alexandra ressort l’ouvrage en autoédition en 2020, au moment du Covid.
Bien qu’elle soit l’autrice d’un livre traitant d’un risque biologique impliquant un laboratoire de recherches, Alexandra pensait que le genre d’événements qu’elle relate dans son livre était réservé aux films. Finalement, elle a été surprise par l’ampleur de la pandémie dans la réalité, comme l’immense majorité du public.
À l’heure actuelle, elle relance la commercialisation de Shadows, tout en relisant le manuscrit achevé de son deuxième roman. Pour faire bonne mesure, elle continue également d’écrire son troisième opus…
Alexandra Biedermann nous décrit la réaction de son mari, l’un des tout premiers lecteurs de Shadows. Photo : (c) Alexandra Biedermann. Vidéo : (c) LaTDI.
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