Parmi les ouvrages du thérapeute américain Richard Schwartz, Pourquoi nous sommes essentiellement bons occupe une place centrale. Le Dr. Schwartz y décrit l’IFS ou Internal Family Systems, son modèle de thérapie. Ce livre vient d’ailleurs de paraître aux Éditions Quantum Way dans sa version française. Son éditrice, Florence Bernard, également psychothérapeute, évoque pour nous sa rencontre avec le modèle du Dr. Schwartz. Pour résoudre ses problèmes : convoquer tour à tour les différents membres de sa famille intérieure.
Écrit en collaboration avec A. L.
Pourquoi sommes-nous essentiellement bons ? En voilà une bonne question ! Richard Schwartz, également connu sous le diminutif de Dick Schwartz, se l’est posée dans son ouvrage éponyme. Sa sortie en français intervient près de 40 ans après que son auteur a exposé pour la première fois son modèle thérapeutique. Rappelons que ce dernier est fondé sur le concept de famille intérieure. Dans son livre, le Dr. Schwartz nous engage à réconcilier les différentes parties s’agitant en nous afin de guérir et de réparer nos propres blessures. Cette démarche nous aide ainsi à restaurer l’équilibre de notre système intérieur.
« Ce livre est destiné au grand public, explique Florence Bernard, psychothérapeute et adepte du modèle du Dr. Schwartz. Bien sûr, l’ouvrage est aussi un outil précieux pour les thérapeutes. Ils peuvent y puiser nombre d’arguments scientifiques pour enrichir leur réflexion. Mais c’est avant tout un livre invitant tout un chacun à la méditation et à la rencontre avec ses propres parties ».
L’IFS (famille intérieure), une révélation pour Florence Bernard
Selon Florence Bernard, l’IFS recouvre une approche thérapeutique s’éloignant des théories de Freud. En écoutant la psychothérapeute, on pourrait penser que l’IFS fait partie intégrante de sa vie depuis toujours. Pourtant il n’en est rien. Avant de se lancer dans la psychothérapie, Florence Bernard passe vingt ans dans le marketing et la grande distribution.
« Puis un jour j’ai réalisé que ce métier n’avait plus de sens pour moi, se souvient-elle. Je me suis donc formée à la psychothérapie, dans une école en Belgique. C’est au cours de cette formation que j’ai entendu parler de l’IFS pour la première fois ». Pour elle, cette découverte est une révélation, « à tel point que j’ai voulu m’y former immédiatement, se rappelle-t-elle. Pour moi, il s’est agi d’une rencontre, d’abord avec le modèle, puis avec son créateur. L’IFS est entré en résonnance avec mes émotions. Ce modèle a compté dans mon parcours et m’a façonnée en tant que psychothérapeute ».
La rencontre avec sa famille intérieure
La relation liant Florence Bernard et le système familial du Dr. Schwartz débute réellement lorsque Quantum Way, organisme spécialisé dans la formation en ligne dans les domaines de la psychologie et du développement personnel, organise un congrès. « Nous y avons invité de nombreux auteurs, créateurs d’approches et de modèles thérapeutiques nouveaux et formateurs de renom. La majorité d’entre eux étaient anglophones. Ces gens-là avaient des livres, des pépites entre les mains. Nous voulions être leur voix française ».
C’est dans le sillage de cette initiative que les Éditions Quantum Way voient le jour. « Nous avons commencé avec deux livres qui nous tenaient particulièrement à cœur. L’un d’eux est le dernier ouvrage de Richard Schwartz sur son modèle, l’IFS, aujourd’hui enseigné dans le monde entier. J’avais décidé d’inviter son auteur au premier congrès en ligne en 2020. Depuis, il revient chaque année. Lors de notre première rencontre dans la « vraie vie » lors d’un séminaire à Oxford, nous sommes tombés dans les bras l’une de l’autre ! C’était comme si nous nous connaissions depuis des années. Alors que nous ne nous étions rencontrés que sur Zoom seulement ! »
Famille intérieure : le Dr. Schwartz fait émerger nos différentes parties
Au départ, Richard Schwartz est un thérapeute familial. Il se spécialise dans les troubles du comportement alimentaire. « Au fur et à mesure de ses consultations, il se rend compte que ses patient(e)s racontent souvent la même histoire : ‘une partie de moi m’a forcé(e) à manger puis à me faire vomir. Alors qu’une autre avait honte et qu’une autre encore n’avait pas envie de manger’ », rapporte Florence Bernard.
La thérapeute poursuit : « En questionnant ces fameuses parties, le Dr. Schwartz réalise qu’elles ont pour la plupart un âge, une forme, une personnalité et surtout une intention particulière envers le ou la patient(e). En même temps, il existe un endroit à l’intérieur de ces dernièr(e)s qui n’est pas abîmé. Il appelle cela le ‘Self’ ».
Tous multiples, parfois jusqu’à la fragmentation
Aux yeux du Dr. Schwartz, « nous sommes tous multiples. Suite à un traumatisme, le processus de fragmentation commence. Il s’agit alors de se protéger contre certaines choses trop difficiles à vivre. Il n’y a rien de pathologique à cela ». Cette nouvelle pensée a depuis révolutionné la psychologie et la psychothérapie.
« Si on écoute nos patients à travers le prisme de l’IFS, ils ne souffrent pas de pathologies. Simplement, ils abritent en leur fort intérieur plusieurs personnes qui bataillent entre elles, explique Florence Bernard. Ce n’est que si l’on va plus loin dans cette dissociation que l’on bascule dans la pathologie ».
Les applications universelles liées à notre famille intérieure : depuis le couple jusqu’à l’entreprise…
Cependant, il ne faut pas nécessairement être en proie à des troubles du comportement ou de l’identité pour avoir recours à l’IFS. Ce modèle traite de la santé mentale comme de la santé physique. Il trouve une application dans de très nombreux domaines. « Cela peut aller des difficultés de la vie quotidienne. Comme le fait d’essayer de comprendre la raison pour laquelle on n’arrive pas à quitter son partenaire alors que la relation ne nous convient plus ».
Dans leur vie quotidienne, un nombre croissant de personnes ont recours à l’IFS. « Les coachs s’en servent dans les entreprises pour ramener de la fluidité dans les relations au sein des équipes, poursuit Florence Bernard. L’IFS peut également s’appliquer à la relation de couple. Cela permet de comprendre pourquoi, tout d’un coup, on se met à ne plus pouvoir supporter les défauts de son partenaire. Alors qu’on était si amoureux au départ ! »
… en passant par les négociations et les activités créatives
Au-delà de sa capacité prouvée à traiter les problèmes du quotidien, l’IFS peut s’avérer très utile dans le cadre de négociations difficiles. « Si on essayait de comprendre les différentes parties des uns et des autres, je suis persuadée que l’on pourrait résoudre de nombreux conflits mondiaux ! »
L’IFS s’applique aussi aux auteurs de livres, de scénarios et aux artistes. « Quand on doit incarner un personnage, quelle partie de nous peut nous y aider ? Comment trouver les ressources pour incarner ce personnage ? Comment en sortir ? Ce sont nos différentes parties qui nous aident à performer ».
L’IFS est donc un modèle destiné à tout le monde. « C’est en tout cas le message de Richard Schwartz, qui veut à travers son livre le transmettre au plus grand nombre de personnes possible. Il se voit comme un passeur », continue Florence Bernard. « Loin de toute logique sectaire, nous sommes dans un modèle de transmission dont le but n’est pas d’enrichir un seul homme, ni une seule organisation ».
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La science au fondement de l’IFS
Aux États-Unis, de nombreuses études ont permis de reconnaître l’IFS comme une pratique dont le fondement était complètement scientifique. « En 2013, il y a eu une étude sur l’arthrose rhumatoïde. Un groupe était suivi à l’hôpital, avec des traitements classiques. Un autre faisait l’objet de traitements intégrant un suivi IFS. Résultat : le deuxième groupe a connu une diminution des symptômes et de la douleur. Certains patients ont même retrouvé une vie normale, explique la psychothérapeute. Une autre étude a concerné des femmes souffrant de dépression. Et depuis peu, des études sont menées sur l’efficacité d’un traitement combinant IFS et psychédéliques ».
Les champs d’application de l’IFS semblent donc infinis. Au départ, le modèle du Dr. Schwartz a représenté une révolution dans le monde de la psychologie. À présent, son association aux psychédéliques, c’est-à-dire le traitement de certains troubles psychiques par l’absorption de substances hallucinogènes sous contrôle médical strict, ouvre la voie à de nouveaux champs de recherches.
Florence Bernard (psychothérapeute et éditrice, présidente des Éditions Quantum Way) nous présente les différentes applications du modèle de l’IFS que le Dr. Richard Schwartz expose dans son ouvrage « Pourquoi nous sommes essentiellement bons ». Photo : (c) Éditions Quantum Way. Vidéo : (c) LaTDI.
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