Vous êtes en plein recrutement et ce candidat au CV long comme le bras et au parcours professionnel exemplaire vous séduit ? Vous êtes chef d’entreprise et ce partenaire business vous fait miroiter une excellente opportunité, à condition d’acquitter une avance payable immédiatement ? Dans les deux cas, la vigilance s’impose ! Grâce à son ouvrage Le Renseignement Offensif, Philippe Dylewski, détective privé, nous donne ses trucs et astuces pour se protéger contre les fraudeurs de tout acabit et déjouer les tentatives d’escroquerie.
Rien ne prédisposait Philippe Dylewski à devenir détective privé au départ. Psychologue clinicien de formation, il quitte rapidement la profession lorsqu’il s’aperçoit qu’elle ne lui convient pas. Après avoir travaillé à la protection de la jeunesse pendant un an, il décide de monter à 23 ans une société recrutant des vendeurs pour faire du porte-à-porte. Petit à petit, sa société devient un véritable cabinet de recrutement et de conseil en ressources humaines, possédant plusieurs bureaux. « J’ai fait cela pendant quinze ans. Puis, un matin, l’envie ayant disparu, j’ai revendu ma société ».
Parmi ses clients : particuliers aussi bien qu’entreprises
En 2005, il passe un diplôme de détective privé et obtient l’agrément du ministère belge de l’intérieur avant de se lancer. Pendant les premières années de l’exercice de sa nouvelle profession, il se focalise sur la recherche de personnes disparues. Mais il constate que cela lui prend beaucoup d’énergie et de temps. « De plus, émotionnellement, c’était assez délicat à gérer. Car les personnes que vous finissez par retrouver sont rarement contentes d’avoir été découvertes. Dans ces cas-là, il n’y a pas de happy end dans lequel la famille heureuse est enfin réunie ! Personnellement, je n’ai jamais été le témoin de scènes où tout le monde se jette dans les bras l’un de l’autre ».
Philippe décide par conséquent de se réorienter vers une clientèle d’entreprises. « Intellectuellement, c’est vraiment stimulant et nourrissant. C’est également plus rentable et moins stressant. La clientèle d’entreprises présente donc pour moi de nombreux avantages ».
Le Renseignement Offensif : aux origines du livre
Philippe le reconnaît volontiers : « Un boulot de détective privé s’exerce à 90% en ligne. Pas de course-poursuite comme au cinéma, désolé ! » Or, l’enseignement qu’il reçoit pour devenir détective privé ne l’a pas préparé à cela. Si bien que, « à chaque fois que j’allais sur internet, j’en profitais pour prendre des notes et relever certains trucs, astuces et techniques. Au départ, ce que je voulais faire, c’était compiler ces notes pour me faire un outil de travail personnel. Un jour, ma compagne de l’époque me fait prendre conscience que cette compilation pourrait très bien faire un bon livre ». La première édition sort en 2009 en France, chez L’Express. À l’heure actuelle, Le Renseignement Offensif en est à sa quatrième édition (2023).
Selon Philippe, le renseignement offensif s’oppose au renseignement défensif. C’est-à-dire que vous allez au-devant de l’adversaire. Ce type de renseignement peut être utilisé pour attaquer. Cela recouvre généralement le cas de missions de renseignement militaire ou civil, pour le compte de gouvernements. « Dans le privé, vous n’êtes normalement censé attaquer personne. Personnellement, on ne me l’a jamais demandé, et je ne vois pas pourquoi je devrais le faire ».
Différentes techniques de renseignement offensif
Vous pouvez faire du renseignement offensif en ayant recours à différentes techniques. Premièrement, l’OSINT ou l’Open Source Intelligence vous amène à fouiller des données en source ouverte. Car il existe un nombre incroyable d’informations auxquelles on peut accéder gratuitement et légalement. Certes, parfois, cela nécessite de payer quelques frais annexes. « Par exemple, si je veux accéder à une base de données aux États-Unis, je vais peut-être devoir acquitter 20 ou 30 € de droits d’accès. Mais cela reste tout de même très bon marché ».
Deuxièmement, le renseignement humain consiste à parvenir à faire parler une cible pour qu’elle vous donne certaines informations, à son propre insu. Selon Philippe, la source humaine est souvent la meilleure source d’information. Quand il faut se livrer à du renseignement humain, souvent, le téléphone fait l’affaire. « Cela peut même se faire sur LinkedIn. Prenons le cas d’une personne dont un client me demande de vérifier les coordonnées. Je crée un profil attractif sur LinkedIn. J’envoie à la cible une offre d’emploi très alléchante à laquelle elle répond. Dans son CV, elle indique son numéro de téléphone, email et adresse personnels. L’affaire est dans le sac ! La ruse est donc mon principal outil de travail ».
Outre ces deux techniques, il en existe une variété d’autres : le renseignement satellitaire ou encore le google hacking. Cela consiste à aller chercher des renseignements disponibles sur Google, même si l’accès en demeure caché.
Les CV de candidats, truffés de mensonges
Les demandes les plus courantes que les entreprises adressent à Philippe concernent les vérifications de CV. « Ça me convient parfaitement car cela rejoint mon ancien travail. Je connais donc mon sujet. Il faut alors vérifier que le CV que l’on me présente correspond ‘plus ou moins’ à la réalité ». En effet, Philippe considère que, dans la mesure où chacun essaie de se mettre en valeur, aucun CV n’est ‘vrai’ à 100%. « Sur leur CV, les gens mettent généralement qu’ils aiment la lecture. Alors qu’ils n’ont pas ouvert un bouquin depuis dix ans. Simplement, comme tout le monde le fait, on ne peut pas bloquer un candidat sur la base de ce type de ‘pieux’ mensonge ».
Cependant, il existe des mensonges plus graves. Par exemple, une personne se targue d’avoir décroché un MBA à Harvard, alors que ce n’est pas vrai, comme souvent avec ce genre d’affirmations. Les grandes entreprises faisant appel à Philippe ont ainsi quelques surprises. En effet, ce dernier estime que 40% des gens présentent des CV ‘édités’. Ils s’inventent des diplômes, une carrière prestigieuse auprès de différents employeurs. Ou alors ils ont quitté leur dernier employeur pour des raisons différentes de celles qu’ils mentionnent.
Comme Philippe s’en souvient, « j’ai eu affaire à un candidat ayant menti, notamment sur le MBA qu’il prétendait avoir reçu. Dans la réalité, il n’avait jamais obtenu un tel diplôme. Il s’est fait coincer, car l’université auprès de laquelle il disait avoir obtenu son MBA n’existait tout simplement pas ! La personne a expliqué qu’elle faisait cela depuis si longtemps qu’il lui était désormais impossible de revenir en arrière. Qu’à cela ne tienne, elle a été engagée par le client, car elle avait par ailleurs toutes les compétences pour le poste visé ! »
Le Renseignement Offensif, livre finalement aussi défensif
Avec son livre Le Renseignement Offensif, Philippe cible plus particulièrement :
- Les dirigeants de petites et moyennes entreprises.
- Les cabinets d’avocats.
- Les entreprises des secteurs comptable, fiduciaire ou compliance.
- Les enquêteurs et autres détectives privés, même s’ils ne sont pas très nombreux.
En outre, notre auteur a constaté que son livre avait également beaucoup de succès auprès d’un public auquel il n’avait tout d’abord pas pensé : les services publics et autres administrations. « Finalement, je m’aperçois que ces derniers figurent parmi les principaux clients de mon livre : gendarmerie, ministère des finances, etc. »
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Réaliser à quel point nous pouvons être vulnérables
Philippe Dylewski constate que les lecteurs du Renseignement Offensif utilisent également son ouvrage de façon défensive, pour se protéger. Selon l’auteur, « les livres sur la sécurité informatique n’ont pas tellement de succès auprès du grand public, car personne n’aime jouer le rôle du défenseur. Tout le monde veut être l’attaquant. Or, mon bouquin vous met dans la peau de l’attaquant, ce qui est beaucoup plus drôle. Et quand vous prenez le point de vue de l’attaquant, vous vous rendez compte à quel point tout le monde est fragile. Car on peut très bien être attaqué soi-même ! »
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Avec son livre Le Renseignement Offensif, Philippe Dylewski met à la portée de tous les trucs et astuces permettant de recueillir ou de vérifier certaines informations sensibles. Qui est véritablement ce potentiel employé au CV impressionnant ; d’où viennent ces partenaires d’affaires proposant un contrat particulièrement avantageux ? Photo : (c) Philippe Dylewski. Vidéo : (c) LaTDI.
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