Klineo, entreprise transversale par excellence ? En faisant le lien entre public et privé, d’une part, patients et recherche médicale, d’autre part, la startup créée en 2021 à Paris cherche à accélérer la recherche médicale. Son but ? Faire en sorte que les patients accèdent aux nouveaux traitements dans les essais cliniques. Ces nouvelles molécules sont ainsi mises sur le marché plus rapidement pour que tout le monde puisse en bénéficier ! Nous avons rencontré Thomas Peyresblanques, co-fondateur de Klineo. Il nous a expliqué la façon dont il mettait en relation patients et médecins.
Klineo est née d’une discussion entre Arnaud Bayle et Thomas Peyresblanques. Le premier, oncologue à Gustave Roussy, ne parvient pas à trouver des essais cliniques pour ses patients. Par ailleurs, comme il est aussi responsable de certains essais cliniques, il recherche également des patients pour ceux-ci. Le second, ingénieur, souhaite trouver une solution à ce problème en créant une startup avec Arnaud. Ils sont ensuite rejoints par Nicolas Drizard qui prend le rôle de CTO pour s’occuper de la partie technique.
Klineo : une startup au service des patients
Les trois co-fondateurs se rendent alors compte du double enjeu auquel ils font face. « D’une part, les chances de survie des patients diminuent du fait de leur incapacité à trouver le bon essai clinique. Ces essais existent pourtant quelque part, mais on ne sait où. D’autre part, les investigateurs, médecins et laboratoires, faute de pouvoir recruter suffisamment de patients pour leurs études cliniques, perdent un temps précieux. Or, les patients ont rapidement besoin de ces nouveaux traitements ».
L’initiative de Thomas et de ses co-fondateurs est dédiée aux patients. C’est la raison pour laquelle Klineo travaille en étroite collaboration avec des associations de patients comme, par exemple, le Collectif Triplettes Roses. « C’est avec les Triplettes Roses que nous avons lancé la première plateforme dédiée au cancer du sein triple négatif. Il s’agit d’une forme particulièrement agressive de la maladie ». Comme le rappelle Thomas, le service qu’il propose est entièrement gratuit pour les médecins comme pour les patients. Car il tire ses ressources des promoteurs d’essais cliniques. Parmi ces derniers, on trouve des entreprises pharmaceutiques ou encore des promoteurs académiques, comme par exemple des groupements d’hôpitaux.
Entre mission de service public et logique du privé
Plusieurs initiatives publiques ont vu le jour pour faciliter l’accès aux informations sur les essais cliniques ouverts en France. Elles proviennent notamment de l’INCA (Institut National du Cancer), qui tient un registre des essais cliniques en cancérologie. Ou bien de la DNS (Délégation ministérielle au Numérique en santé) en partenariat avec l’AIS (Agence de l’innovation en santé). Ces initiatives permettent de fiabiliser les informations sur les essais cliniques. Klineo peut alors utiliser ces registres publics pour développer ses algorithmes permettant d’identifier rapidement les essais cliniques pertinents et de contacter les responsables de ses essais. Selon Thomas, « en tant que startup, nous bénéficions d’une certaine agilité. Nous recueillons et traitons ainsi rapidement les feedbacks des utilisateurs, de façon itérative. Cette réactivité est plus facilement mise en place dans les petites structures comme les startups ».
Selon Thomas, les résultats remportés par Klineo sont le fruit de son positionnement à la lisière entre privé et public. « Cela nous permet de bénéficier du meilleur des deux mondes ». Klineo travaille ainsi avec des hôpitaux et autres promoteurs académiques d’essais cliniques (Unicancer ou LYRSAC). Mais aussi avec les industriels (laboratoires pharmaceutiques et biotechs conduisant des essais cliniques).
Klineo, à la croisée entre plusieurs savoir-faire
La démarche transversale adoptée par Klineo se traduit dans son positionnement géographique. La startup est ainsi localisée à Paris Santé Campus, d’une part. Ce lieu concentre des startups travaillant dans le domaine de la santé, de même que nombre d’acteurs de la santé publique. Parmi ces derniers, on peut citer le Health Data Hub (accès unifié et sécurisé aux données de santé). Ou bien France BioTech (association fédérant les entrepreneurs de l’innovation dans la santé et les biotechnologies). Cela permet des échanges très féconds de part et d’autre. Par ailleurs, Klineo maintient également des bureaux sur le site de Paris & Co Santé. Il s’agit d’un incubateur de startups travaillant dans le secteur de la santé, situé dans le 15e arrondissement de Paris.
Quant aux fondateurs de la startup, tous trois bénéficient de compétences complémentaires. Thomas Peyresblanques bénéficie d’une double formation, puisqu’il est diplômé de Polytechnique, tout en ayant décroché un master en business à l’université Columbia (New York). Son co-fondateur Arnaud Bayle, oncologue, représente le côté médical de la plateforme. Enfin, le troisième co-fondateur, Nicolas Drizard, polytechnicien tout comme Thomas, est un éminent data scientist ayant complété sa formation à Harvard.
Klineo : comment ça marche ? Côté patient…
Mettons-nous à la place d’un patient s’apprêtant à faire une recherche. La première étape consiste à se connecter sur Klineo, en créant un compte. Ensuite, il accède à un moteur de recherches dans lequel il spécifie son type de cancer. S’agit-il d’un cancer du sein ? S’accompagne-t-il de mutations génétiques, permettant de cibler certains traitements ? Quel est son stade de développement : localisé, métastatique ? Le type de traitements déjà reçus ? Enfin, quel est son lieu de résidence ? Une fois qu’il a répondu à ces questions, une page de résultats affiche les essais cliniques les plus pertinents, du plus proche au plus éloigné de son lieu de résidence.
À cela viennent s’ajouter des filtres complémentaires permettant d’affiner les vœux du patient. « Pour celui qui est suivi à Gustave Roussy par exemple, nous pouvons regarder en priorité les essais ouverts dans cet hôpital ».
Une fois que le patient a obtenu ces résultats, il peut sélectionner ceux qui lui paraissent les plus pertinents et les partager avec son oncologue. Ce dernier reçoit alors une notification disant : ‘votre patient X ou Y a trouvé un ou plusieurs essais cliniques’. Le médecin se connecte sur Klineo afin de les examiner et d’en discuter avec son patient. « Nous tenons à conserver le binôme patient / oncologue pour qu’ils puissent échanger entre eux sur le choix du meilleur traitement ».
… et côté médecin
Voyons à présent comment la plateforme fonctionne, côté médecin. Le médecin référent du patient reçoit une notification suite aux recherches de son patient. S’il n’a pas lui-même fait des recherches d’essais sur la plateforme pour le compte de son patient. Il peut ensuite contacter directement le responsable de l’essai via Klineo, en lui envoyant les données du patient en question (rapports médicaux et d’imagerie).
Suite à cela, le médecin-investigateur reçoit une notification lui disant : ‘vous avez un patient potentiel pour votre essai’. Il va sur Klineo afin de prendre connaissance des données du patient. S’il veut voir ce dernier, il fixe un rendez-vous de consultation avec lui. Dans le cas contraire, il peut expliciter les raisons de son refus. « Comme cela, poursuit Thomas, nous pouvons expliquer au patient et à son médecin référent les raisons pour lesquelles il n’est pas éligible pour cet essai ».
Les retours d’expérience, données capitales pour Klineo
Les patients faisant des retours d’expérience trouvent que l’usage de la plateforme est intuitif. « Or, cela n’était pas gagné au départ, étant donné que la recherche d’essais cliniques suppose l’usage de termes très techniques ».
Klineo reçoit également des retours très positifs de la part des médecins. Grâce à la plateforme, ils peuvent ainsi faire des demandes d’essais cliniques auprès de plusieurs hôpitaux en un seul clic. Jusqu’à présent, ils devaient envoyer séparément leurs demandes auprès de chaque hôpital.
Outre les retours d’expérience toujours plus nombreux qui sont une donnée capitale permettant à Klineo d’améliorer sa page de résultats, la startup cherche à multiplier les partenariats avec les promoteurs d’essais cliniques (industriels et académiques).
« Concernant l’IT, ajoute Thomas, nous avons construit une équipe technique pour mettre à jour la plateforme le plus rapidement possible en fonction des retours utilisateurs ».
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Les perspectives de Klineo
Mise en ligne en décembre 2022, la plateforme a commencé par se spécialiser dans le cancer du sein triple négatif. « Cette année, nous avons étendu notre scope à tous les autres types de cancers du sein, mais aussi de la peau, ainsi qu’aux lymphomes (cancers du sang). Pour 2024, nous avons l’ambition de couvrir tous les types de cancer ».
Outre les aires thérapeutiques, la startup veut également élargir son périmètre géographique. « Nous souhaitons nous étendre vers d’autres pays. En effet, les essais cliniques sont ouverts dans plusieurs pays en même temps. Leurs promoteurs cherchent donc des patients dans plusieurs pays simultanément ».
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Thomas PEYRESBLANQUES, co-fondateur de la plateforme Klineo, est heureux de pouvoir travailler en bonne intelligence avec le milieu médical et aussi avec les associations de patients… Photo : (c) Klineo. Vidéo : (c) LaTDI.
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