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Mémoire en roue libre : le voyage selon Pierre-Nicolas MARQUÉS, entre cyclisme et poésie

Au printemps 2021, Pierre-Nicolas MARQUÉS se lance dans un pari un peu fou. Avec plusieurs amis, il suit à vélo la route des cols, reliant Perpignan à Biarritz en huit jours. Ce faisant, il emprunte les plus belles routes du Tour de France. De plus, il contribue à lever des fonds pour la Fondation Recherche Alzheimer. Dernièrement, cet exploit sportif a fait l’objet d’un livre sorti en avril dernier aux éditions Cairn. Pierre-Nicolas MARQUÉS y raconte les rencontres fortes et les émotions intenses que son périple aura occasionnées. Rencontre avec ce poète des cols pyrénéens…

Écrit en collaboration avec Karlem.

Aujourd’hui âgé de 28 ans, Pierre-Nicolas MARQUÉS réside à Bordeaux. Depuis l’adolescence, il s’immerge dans l’écriture, faisant de la poésie et écrivant des nouvelles. Son inspiration se nourrit de ses joies et de ses peines…

Pierre-Nicolas MARQUÉS déclame sa poésie sur les réseaux sociaux

Issu d’une famille de coureurs cyclistes, son amour inconditionnel du vélo et du Tour de France lui vient de sa grand-mère Mamou. Actif sur les réseaux sociaux comme TikTok, Instagram et YouTube, il partage régulièrement sa poésie et ses aphorismes avec ses followers. « Sous mon pseudo @motsdumarquis, je m’emploie à répandre un peu de poésie sur les réseaux ».

Pierre-Nicolas MARQUÉS déplore qu’aujourd’hui, de moins en moins de personnes prennent le temps de lire. « Je trouve donc intéressant d’amener un peu de poésie dans le quotidien des gens par le biais de vidéos postées sur les réseaux sociaux. Je trouve même que c’est un bon moyen pour démocratiser la poésie, notamment vis-à-vis des nouvelles générations ».

Les passions de Pierre-Nicolas MARQUÉS : cyclisme et poésie

De façon atypique, ses passions pour le vélo et l’écriture grandissent de front. « J’ai commencé le vélo à l’âge de 15 ans. Même si j’ai découvert le Tour de France bien plus tôt en 2003, au contact de ma grand-mère Mamou chez qui je passais tous mes étés. L’écriture est arrivée vers l’âge de 15/16 ans. Ce sont de belles choses que l’on m’a transmises… »

Le goût pour l’écriture lui vient de son père qui l’expose aux grands noms de la chanson à texte, comme Gainsbourg, Aznavour, Brel, Brassens ou encore Pierre Vassiliu. « Mon père était commerçant, je l’accompagnais sur les marchés alors que j’étais encore tout petit. Grâce à lui, j’ai tout de suite compris l’importance des mots. Je voyais mon père avoir ce lien social fort avec ses clients. Il avait le don de la formule ! »

Pierre-Nicolas MARQUÉS et ses coéquipiers lors de leur périple.
À gauche : au sommet du col de Peyresourde. À droite : au sommet du col de Portet d’Aspet. (c) Pierre-Nicolas MARQUÉS.

Aux origines de Mémoire en roue libre

En mai 2021, après une séparation difficile d’avec une certaine Julie, Pierre-Nicolas MARQUÉS ressent le besoin irrépressible de fuir pour se retrouver. Il accepte alors l’invitation de son ami Jacques D’ARRIGO à venir prendre part à l’ expédition cycliste qu’il organise entre Perpignan et Biarritz. Le but ? Lever des fonds pour la recherche sur la maladie d’Alzheimer.

« Lorsque l’on traverse des moments compliqués dans sa vie, note Pierre-Nicolas MARQUÉS, il est salvateur de savoir se mettre en retrait, fuir, partir vers l’inconnu. Cela nous permet de nous remettre à rêver, de recommencer à nous émerveiller ». Contrairement à l’opinion générale, notre interlocuteur pense que la fuite demande beaucoup de courage. « Un matin, on se lève avec le désir féroce de se retrouver seul face à soi-même, ses peurs, ses doutes et les pages blanches de son carnet. Je pense que c’est comme ça qu’on se répare ».

C’est ainsi que Pierre-Nicolas MARQUÉS se retrouve sur la route des cols pyrénéens à vélo pour la Fondation Recherche Alzheimer. Tout en accomplissant jour après jour ce périple extraordinaire, il a le sentiment d’accomplir une bonne action.

En hommage au Tour de France et à Mark Cavendish

Dans son récit, Pierre-Nicolas MARQUÉS en profite pour rendre longuement hommage à Mark Cavendish, immense coureur cycliste selon lui. « À sa grande époque, tout le monde l’appelait « Le Cav ». Il faisait figure de véritable gladiateur des temps modernes. Surtout lorsqu’il lançait son offensive dans les 30 derniers kilomètres d’une étape ». Comme Pierre-Nicolas l’explique, « la formation HTC Columbia a été l’une des premières grandes équipes à mettre en place des « trains » pour propulser ses sprinters en tête du classement ».

Au sein de cette équipe, tout s’articulait autour de Mark Cavendish pour lui permettre d’attaquer dans les meilleures conditions. « J’ai vraiment été fasciné par la façon dont ces hommes se mettaient l’un derrière l’autre pendant un nombre précis de kilomètres. Ensemble, ils accomplissaient une chorégraphie parfaitement orchestrée ! »

Certes, Cavendish n’a pas eu que de grands moments dans sa carrière. « Il est aussi passé par des moments compliqués. J’ai lu son livre dans lequel il parle de sa dépression. Plus généralement, il n’a jamais vraiment cherché à être dans les clous. Mais c’est aussi cela qui fait les grands champions ! Ce sont des personnages d’une grande classe, ayant quelque chose de plus que les autres. Sa façon de sprinter, c’était du grand art ! Il compte à son actif 34 victoires d’étapes sur le Tour de France, soit autant qu’Eddie Merckx ! »

Point de vue et Pierre-Nicolas MARQUÉS en pleine ascension
À gauche : paysage depuis le col de Pailheres. À droite : Pierre-Nicolas MARQUÉS dans la brume du col de Peyresourde. Photos : (c) Pierre-Nicolas MARQUÉS.

Les vertus du voyage selon Pierre-Nicolas MARQUÉS

Pour Pierre-Nicolas MARQUÉS, toute la magie du voyage réside dans le fait de pouvoir s’échapper lorsqu’on en ressent le besoin. Parce qu’on ne revient jamais tout à fait le même. En cheminant, on retrouve sa capacité à s’émerveiller, à rêver. On se retrouve tout en allant à la rencontre des autres. « C’est aussi cela le voyage ! »

L’auteur se souvient de l’ascension de certains cols, particulièrement éprouvante. Parfois, il était à deux doigts de poser le pied à terre. Afin d’éviter cela coûte que coûte, il allait chercher au plus profond de lui sa colère, sa tristesse, son chagrin, même. Et il s’en servait pour soutenir son effort et continuer d’aller de l’avant.

Comme il le rapporte, « je ne gardais que l’essentiel pour atteindre les sommets des cols, physiquement comme mentalement. Je me déchargeais de tout ce qui m’encombrait. Ce faisant, je me rendais compte que tout passait et que rien finalement n’était bien grave. Le bonheur comme le malheur ne durent jamais qu’un temps. C’est aussi ce que j’ai voulu transmettre à travers ce livre ».

Quand il revient à Bordeaux, il a la sensation d’avoir fait peau neuve. « J’avais un nouveau projet, je voulais me lancer dans l’écriture de ce livre ». L’effort demandé par l’écriture succède à celui demandé par l’épreuve sportive. L’un comme l’autre produisent leurs effets thérapeutiques.

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De l’effort vient la transformation de soi

En retournant chez lui, Pierre-Nicolas MARQUÉS réalise qu’il vient d’accomplir un projet un peu fou. Rallier Perpignan à Biarritz, cela représente 20.000 mètres de dénivelé, une vingtaine de cols, sur une distance totale de 1.300 km ! Bien entendu, il ressent la satisfaction d’avoir relevé ce pari. « Je venais de réaliser l’un de mes rêves, rouler sur les plus belles routes du Tour de France. J’étais ainsi prêt à passer à autre chose. C’est à ce moment que j’ai réalisé que les voyages constituaient une formidable école de la vie, nous apprenant beaucoup de choses sur nous-mêmes. Je crois qu’on devrait obliger tous les jeunes à partir ainsi pour une bonne cause ! »

Selon l’auteur, l’effort a des vertus purificatrices. « En se mettant en mouvement, une chose inattendue se produit à l’intérieur de notre corps. Et cela nous libère. »

Plus d’information en cliquant ici.

Dans son livre Mémoire en roue libre, Pierre-Nicolas MARQUÉS relate son ascension des cols des Pyrénées en mêlant souvenirs de voyage et d’enfance, alors qu’il laisse ses pensées vagabonder au gré de son itinéraire. Photo : (c) éditions Cairn. Vidéo : (c) LaTDI. Musique : (c) ES_Tropical Minds – Sum Wave.

Première de couverture Mémoire en roue libre.
(c) éditions Cairn, avril 2024.

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