Son nom : DJ ALYAZ, condensé entre son prénom et son nom de famille. Sa passion ? la musique électronique, qu’il aime mixer lors d’events. Avec son complice Mohammed JOUINY, il a créé un label de production « NOLABEL ». Les deux hommes créent ainsi des tracks entre funk, soul, rap et melodic techno. Sources d’inspiration, processus créatif, déroulé de ses soirées, ALYAZ nous présente son univers musical et artistique !
DJ ALYAZ : « Pour la musique, je suis inspiré par tout mon environnement. Même quand je rentre dans le métro. Même lorsque j’écoute les vibrations d’une tondeuse à cheveux, cela me donne des idées pour un track musical. Le défi consiste alors à retranscrire musicalement l’impression que j’ai ressentie sur l’instant. L’inspiration me vient lorsque je prends du recul par rapport à la vie quotidienne. Lorsque je fais des tableaux, que je sors marcher, etc. Je ne dirais pas que je suis un solitaire retiré sur son île mentale, mais j’aime beaucoup le calme. Cela m’est venu avec la maturité. »
DJing et production
DJ ALYAZ : « Dans mon activité de DJ, il y a deux volets. Premièrement, l’aspect production recouvre la création de morceaux entièrement originaux. En effet, pour aller loin dans le monde du DJing, il convient de s’orienter vers la production. Ainsi, les festivals mettent davantage en avant les producteurs que les DJs. Deuxièmement, lorsque je ne suis « que » simple DJ, je travaille à partir de morceaux préexistants. Jusqu’à une centaine que je dois fondre en un seul morceau unique pour le plaisir du public.
« Le fait de passer d’un morceau à l’autre se fait par le biais de transitions harmoniques. Ainsi, le DJ se doit de respecter la clé et l’octave de chaque morceau. Du temps de l’analogique, il fallait faire les transitions en utilisant ses oreilles uniquement, ce qui représente un tour de force ! »
Quand DJ ALYAZ se synchronise avec son crowd…
DJ ALYAZ : « Ce qui différencie les DJ entre eux se situe au niveau de leurs recherches musicales. Un DJ fait énormément appel à son feeling lorsqu’il joue. Pour faire un festival ou bien même une soirée de deux heures, cela nécessite plusieurs mois de travail. Pour chaque morceau qu’un DJ va jouer effectivement, il lui faudra rechercher dix morceaux, par exemple. Car il n’en extraira qu’une séquence de trente secondes seulement. Cela nécessite donc un grand travail de sélection.
« Je travaille beaucoup sur les points cues de chaque track, c’est-à-dire les points forts de chaque morceau (entrées, sorties, suppression des basses, jeu avec les équaliseurs). Chaque morceau est fait d’une multitude de composants, qui eux-mêmes peuvent être modifiés. Le rôle du DJ consiste à faire bouger le public. C’est la raison pour laquelle il joue un grand rôle dans les lieux festifs qui accueillent un public de noctambules ».
La melodic techno dans la peau
DJ ALYAZ : « Les crowds sont désormais éduqués et informés. Le public connaît le rendu associé à chaque bouton. Pour moi, les points cues les plus intéressants se situent au niveau des drops, c’est-à-dire des baisses d’intensité dans les tracks. Cela peut se traduire par le ralentissement du rythme. Généralement, je joue avec les attentes du public. Personnellement, je ne tente pas de faire beaucoup d’effets. Je lance des vocals (mélopées, dialogues de films, etc.). Après, j’augmente le rythme petit à petit. L’essentiel consiste à ménager des effets de surprise et des transitions.
« Dans la melodic techno qui est un peu ma spécialité, on reprend beaucoup de mélodies parmi des genres différents. Je peux ainsi prendre une mélodie orientale chantée par Oum Kalthoum. Et la marier avec des styles divers : house, tribal, organic. Parmi les gens de ma génération, nous sommes très inspirés par la house, le blues, le funk. Lorsque l’électronique est arrivée, nous lui avons apporté notre bagage et nos connaissances musicales old school. Lorsqu’on insère une mélodie ancienne dans un contexte techno, cela suscite un sentiment de nostalgie dans le public.
« Le bar dans lequel je travaille s’appelle Le Barrio Mio, à Champigny-sur-Marne dans le 94. Mettons que je doive travailler sur un set de quatre heures. Je dessine ce que je prévois de jouer, heure par heure. Entre 20 et 21 heures, j’instaure une ambiance chill house / chill music, car c’est le moment où les gens dînent. Après, j’introduis une inflexion latino house et old house pour installer une ambiance plus festive. Comment ? J’augmente le bpm, je diffuse des vocals d’inspiration latino. Après, on entre dans la pop commerciale, les hits français et internationaux. Cela commence alors à bouger davantage. J’en profite pour démarrer une plage de 30 minutes RandB. Pour terminer, je lâche des sons inspirés par l’afro house ou le tribal ».
Les DJs qui inspirent DJ ALYAZ
DJ ALYAZ : « Le DJ que j’apprécie le plus se nomme Solomun. Il a commencé à faire le DJ sur le tard, alors qu’il avait déjà 40 ans ! À l’origine, c’est un médecin bosniaque. Certes, il n’a pas créé beaucoup de morceaux en tant que producteur. Cependant, il travaille presque toute l’année. Sa patte consiste à ne pas travailler nécessairement à partir de morceaux connus. Son style est particulier, bien à lui, difficile à définir. Il travaille beaucoup sur les drops, c’est-à-dire qu’il décélère son rythme, avant de le faire remonter.
« Le style des DJs est généralement bien reconnaissable. Prenons le cas de Black Coffee. Lui se spécialise dans l’Afro House ou bien dans la Tribal Techno (mariage entre l’Afro et la techno). Comment peut-on le reconnaître ? Il travaille beaucoup ses effets. Quant au label AfterLife, le style de leurs productions est aussi aisément reconnaissable. Ils sont très populaires et ils ont dernièrement rempli l’Arena de la Défense (40.000 personnes) ».
DJ ALYAZ travaille à développer sa notoriété
DJ ALYAZ : « Pour être un bon DJ, il faut s’astreindre à une stricte discipline de travail, sans jamais cesser d’apprendre. Il en est de même pour les effets. Tout le monde sait ce qu’on est capable de faire avec un bouton. Cependant, avec la pratique, tu peux découvrir d’autres effets induits par ce même bouton.
« Pour l’instant, je ne cherche pas trop à travailler dans des clubs. Je cherche plutôt à faire des clips. Préparer des sets, et les tourner sur des sites historiques : Saint-Malo, le Mont-Saint-Michel, etc. Avec NOLABEL, nous nous faisons connaître grâce à des vidéos courtes de nos sets filmés, que l’on poste ensuite sur les réseaux sociaux. Cela nous aide pour nous faire remarquer et participer à des festivals ».
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En plein dans le processus créatif de DJ ALYAZ…
DJ ALYAZ : « Pour créer un morceau, il faut être dans le bon mood. Je peux jouer sur les vocals, puis mettre un petit kick, puis un pad (nappe). Que je mélange avec ma ligne de basse que j’ai travaillée par ailleurs. Je peux mettre les basses sur silencieux pour mieux considérer les autres éléments de ma partition. Si je veux faire un drop, j’enlève le kick et la ligne de basse. Puis je choisis de remettre tout en même temps. Ensuite, je travaille une mélodie sur mon clavier midi. Je l’isole pour la moduler, en changer l’octave. Enfin, je vois ce que cela donne avec tous les autres éléments.
« Je peux passer un jour entier sur mes recherches avant de trouver une formule qui me satisfasse vraiment. Juste pour trouver un track de trente secondes ! Je commence plein de projets que j’abandonne en cours de route pour m’intéresser à autre chose. Je les laisse reposer.
« C’est la méthode feel fail, c’est-à-dire que certains projets ne prennent pas la direction que je veux. Puis j’y reviens jusqu’à ce que je sois satisfait. Il faut alors arranger tout cela : je fais l’intro, etc. Sans nécessairement suivre de règles : parfois, dans l’intro, je mets tous les éléments, parfois je ne retiens que la ligne de basse. Tout est une question de feeling ! »
Tanit, premier morceau produit par le duo NOLABEL formé par DJ ALYAZ et Mohammed JOUINY
DJ ALYAZ et Mohammed JOUINY (NOLABEL) nous font le privilège de nous présenter leur nouveau track : Tanit. Il s’agit d’une référence à Carthage, la ville fondée par les Romains en Tunisie.
Lien vers l’instagram de DJ ALIYAZ.
Portrait de DJ ALYAZ : sa personnalité, sa méthode pour mixer et créer des tracks… Photo : (c) NOLABEL. Vidéo : (c) LaTDI. Musique : (c) Sky Is Crying (ZHU, Yuna), Holdin’ On (Pascal Junior), mixé par DJ ALYAZ.