Le 11 mars prochain se tiendra au siège de Microsoft France à Issy-les-Moulineaux la 11ème édition des Trophées Femmes en EA a en ESAT. Organisé par le Réseau H animé par Dominique du PATY, cet événement vise à mettre en lumière les profils de femmes en situation de handicap travaillant dans les entreprises adaptées. Son but ? Lancer des ponts avec le milieu professionnel ordinaire en mettant en avant ces femmes gagnant à être davantage reconnues pour leurs compétences professionnelles !
Aujourd’hui âgée de 64 ans, Dominique du PATY remercie ses parents de l’avoir placée dans une école Montessori dès son plus jeune âge. « Quand j’étais petite, les écoles Montessori faisaient encore figure d’écoles pilotes. On y trouvait beaucoup d’enfants en situation de handicap. Je pense que c’est là que j’ai eu envie de créer Réseau H, cabinet de conseil pour le maintien dans l’emploi des personnes en situation de handicap ». Comme notre interlocutrice le rappelle, cela concerne 1,2 million de personnes « collaborant au développement de notre économie et qui, souvent, le font très bien ».
Bâtir une société où tout le monde trouve sa place !
Dans la vision de Dominique du PATY, chacun doit être en mesure de trouver sa place dans la société et dans le monde du travail. Pendant des siècles, les familles accompagnent elles-mêmes leurs enfants dans leur quête d’une plus grande autonomie. Elles se retrouvent ainsi à l’origine de la mise en place des établissements et services d’accompagnement par le travail (ESAT). De même, elles sont à l’initiative de la construction des entreprises adaptées (EA).
Car les personnes touchées par le handicap ont envie de travailler, de se former et d’être reconnues en tant que professionnelles. Nombre d’entre elles refusent de se laisser enfermer dans leur handicap. « Et c’est pour cela que l’on parle de ‘personnes en situation de handicap’. On ne va plus simplement dire ‘handicapé’ puisqu’on refuse de réduire une personne à son seul handicap. Car elle représente bien plus que cela ! »
Enfin, l’État œuvre aussi en faveur d’une société plus inclusive avec la loi de 2005 incitant les entreprises de plus de 20 salariés à tendre vers un effectif minimal de 6% de personnes en situation de handicap reconnue.
Droits et devoirs de la personne en situation de handicap
Comme le rappelle Dominique du PATY, les droits de chacun s’accompagnent aussi de devoirs. « C’est-à-dire qu’une personne en situation de handicap n’est pas exempte de s’acquitter de ses devoirs vis-à-vis de l’entreprise ».
D’une part, l’entreprise apporte à la personne handicapée « du travail et un salaire. Elle lui donne par conséquent la possibilité de vivre de façon autonome ». D’autre part, « en tant que salariée ou prestataire en situation de handicap, la personne se doit de répondre à la confiance que lui accordent son employeur ou son client ».
Selon Dominique du PATY, aujourd’hui, certains employeurs ont fait énormément d’efforts pour adapter les postes et accompagner les parcours de jeunes en situation de handicap qui ne pouvaient auparavant accéder à la formation. Elles ont ainsi contribué à changer la perception de la personne handicapée. « Cette dernière n’est ainsi plus vue comme seulement une charge, mais aussi comme une chance ».
Cependant, afin de permettre à la personne en situation de handicap de donner tout son potentiel, il faut l’aider à se sentir légitime. « Dans tous les ateliers que nous organisons en entreprise, on s’aperçoit que les personnes handicapées ressentent énormément de culpabilité. Elles se disent : ‘Je vais devoir aller faire des examens’. ‘Je vais devoir quitter mon poste’. Ou encore : ‘Je vais devoir m’arrêter pendant une semaine parce que je me sens trop fatiguée’ ». Ces personnes finissent par se demander si elles ont le droit moral, par rapport à leur collectif, de s’absenter ainsi. Évidemment, leur santé l’exige… Mais comment faire pour réconcilier leurs impératifs de santé avec ce qu’elles font au quotidien, avec ce qu’elles ‘valent’ ?
Réseau H : une méthode, l’éthologie, fondée sur l’analyse comportementale
Pour guider les personnes en situation de handicap dans le monde du travail, Dominique du PATY a recours à l’éthologie, c’est-à-dire la science du comportement. « Prenons le cas d’une personne rencontrant une difficulté particulière. Quelle est cette difficulté ? Parvient-elle à mettre le doigt dessus ? Cette difficulté déclenche-t-elle un comportement inadapté sur son lieu de travail, aux yeux de son employeur ? De notre côté, nous allons l’accompagner pour qu’elle prenne conscience de cette difficulté et change son comportement, pour le mieux ! »
Par le biais d’un coaching court, Dominique du PATY aide la personne à prendre la mesure de ce besoin de transformation, avant qu’elle ne réintègre son collectif et puisse à nouveau collaborer, communiquer avec son équipe et son manager. Même si la communication avait été complètement rompue auparavant. Le salarié met ainsi en place cette transformation lui-même. Cela lui donne alors toutes les bonnes raisons pour rester dans son emploi.
En général, c’est l’employeur qui vient chercher Réseau H, « en recours final », à la suite d’un signalement effectué par la médecine du travail. Par conséquent, souligne Dominique du PATY, « nous sommes certes au service de l’entreprise, puisque c’est elle qui nous rémunère. Mais nous avons notre liberté de conscience, en tant que cabinet de conseil. Si, dans certains cas, nous sommes en désaccord avec l’employeur, nous le lui signifions. Certes, ce dernier est notre donneur d’ordres. Cependant, c’est à la personne que nous accompagnons que nous devons des résultats. Et en cas de succès, c’est l’ensemble du collectif qui en bénéficie ».
Trophées Femmes en EA & en ESAT : mettre en avant des profils discrets et méritants
Au cours de sa carrière, Dominique du PATY réalise que les femmes travaillant dans les ateliers protégés ont un problème. Elles sont en minorité, leur formation initiale est souvent inférieure à celle des hommes. Moins présentes dans la production par rapport aux emplois administratifs, elles ont également moins de facilités pour monter en compétence dans ce domaine.
Cependant, pourquoi les oublier alors qu’elles ont tant des choses à dire ? Selon Dominique du PATY, « les Trophées Femmes en EA & en ESAT jouent le rôle de révélateur. Moi, j’aime bien mettre en avant les gens ayant des compétences discrètes, que l’on ne voit pas forcément et qu’on ne va pas valoriser, socialement parlant ! ».

Trophées Femmes en EA & en ESAT : lancer des ponts entre les entreprises adaptées et le milieu professionnel ordinaire
Au départ, les Trophées Femmes en EA & en ESAT servent donc à valoriser les compétences et les parcours de ces femmes. Tout en mettant en avant les achats responsables, puisque la loi de 2005 avait beaucoup insisté sur le fait de pouvoir acheter auprès des ESAT et des EA. La loi de 2016, quant à elle, permet en outre aux travailleurs indépendants handicapés de profiter aussi de cette possibilité.
Au fur et à mesure, les Trophées s’orientent donc vers l’emploi ordinaire, afin de permettre aux Femmes en EA & en ESAT de monter en compétence et en professionnalisation. Grâce à cet évènement, les entreprises partenaires des Trophées ont la possibilité de rencontrer de futures salariées ou prestataires. Les premières reçoivent les secondes dans le cadre de stages ou de périodes de mise en situation professionnelle. « On appelle cela les Duodays : cela permet à ces femmes de vivre la vie d’un professionnel dans une entreprise issue de notre réseau de partenaires ».
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Grâce aux Trophées Femmes en EA & en ESAT : échanger pour mieux se connaître
Petit à petit, les entreprises du milieu professionnel ordinaire se rendent compte que les personnes en situation de handicap aident parfois au bon fonctionnement de leurs équipes. En effet, elles ressentent les choses davantage qu’une personne ayant moins de difficultés et ayant un moins grand besoin de s’adapter.
Dominique du PATY conclut son propos par ces paroles qui donnent à réfléchir. Pour elle, « les faibles ne sont pas forcément là où on le pense ! Chacun doit pouvoir apporter toutes ses compétences, y compris ses soft skills, à l’entreprise. Les entreprises adaptées et les ESAT sont donc là aussi pour mieux se faire connaître du milieu ordinaire. Et le milieu ordinaire doit également en profiter pour bien se faire connaître des EA & des ESAT. Car les stéréotypes vont dans les deux sens ! »
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Dominique du PATY revient sur la naissance de sa vocation : aider les personnes en situation de handicap à rester dans l’emploi. Cette vocation, elle l’exerce au sein de son cabinet de conseil Réseau H, mais aussi à travers la remise des Trophées Femmes en EA & en ESAT — le 11/3/2025 au siège de Microsoft France d’Issy-les-Moulineaux. Photo et vidéo : (c) LaTDI. Musique : (c) ES_Winter Passing – Rannar Sillard.
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