En ce mois d’octobre rose célébrant la lutte contre le cancer du sein, nous mettons à l’honneur le travail de chercheuses telle que Clara Nahmias. Avec son association PrOlific, elle s’emploie à sensibiliser le grand public à cette thématique pour faire souffler un vent d’espoir, partout où elle se rend pour donner des conférences. En retour, PrOlific sollicite vos dons pour financer toujours davantage de projets de recherche. Interview de Clara Nahmias et de sa fund raiser Brigitte Mechaan, deux femmes ayant fait de la générosité, la leur propre et celle des autres, un principe de conduite…
Enthousiaste, fonceuse et persévérante, Clara Nahmias était destinée à devenir chercheuse. En effet, le travail de recherche demande de la constance : « il faut beaucoup travailler sur le long terme ». Il faut par ailleurs se montrer persévérant, enthousiaste et « ne pas lâcher l’affaire ». Car les résultats arrivent rarement tout de suite.
Brigitte Mechaan, quant à elle, a travaillé pour Air France pendant 38 ans. Puis elle a découvert qu’elle était atteinte d’un cancer du sein. « C’est comme cela que j’ai connu Clara et que je me suis engagée à ses côtés au sein de son association PrOlific ».
La Docteure Clara Nahmias : directrice de recherche au CNRS
Aujourd’hui directrice de recherche au CNRS, Clara commence par suivre des études de biologie, avant de passer sa thèse à l’Institut Pasteur. Elle est ensuite recrutée au CNRS, où elle créée sa propre équipe de recherche. « Je travaillais notamment sur le langage des cellules, en regardant la façon dont ces dernières ‘discutaient’ entre elles ». En 2009, son équipe fait la découverte d’une nouvelle protéine anticancer. Clara est convaincue de l’importance de cette découverte. Malheureusement, elle ne dispose pas des fonds nécessaires pour faire progresser son projet. En effet, comme elle le rappelle, si un chercheur veut développer un projet lui tenant à cœur, il doit collecter ses propres financements. Cela lui donne l’impulsion de créer l’association PrOlific.
Comme le reconnaît Clara, personne n’avait eu l’idée avant elle de mettre en relation directe chercheurs et citoyens pour récolter des fonds. Tout en leur ouvrant les portes de la science la plus avancée, en échange. Depuis sa création en 2009, PrOlific invite ainsi des scientifiques de haut-niveau, depuis l’étudiant inscrit en thèse jusqu’au dirigeant de laboratoire scientifique, à donner des conférences à l’attention du grand public. « Il s’agit d’informer les citoyens en leur parlant de ce que nous faisons au sein des labos. Que recouvre un travail de recherche ? Quelles sont les spécificités de la démarche scientifique ? Quelles sont les dernières avancées contre la maladie ? »
PrOlific : financer les besoins de la recherche
PrOlific est une association créée par cinq femmes, qui se trouvent être des amies. Mickaëlle Bensoussan en assure la présidence jusque 2022. En tant que docteure en sciences et journaliste scientifique, elle a l’habitude d’être au contact du grand public tout en étant outillée pour comprendre les enjeux scientifiques les plus complexes. Depuis, elle a cédé sa place à France Piétri-Rouxel, chercheuse travaillant sur le muscle à l’Institut de Myologie, connue par ailleurs pour son implication sur le généthon et le téléthon. En outre, France Piétri-Rouxel n’hésite pas à aller dans les lycées pour transmettre sa passion sur son sujet de recherche. « En cela, elle est emblématique de la démarche se trouvant au cœur de PrOlific », note Clara.
De son côté, Brigitte insiste sur le fonctionnement remarquable de PrOlific. « Tous les membres s’écoutent mutuellement. En cas de divergences, nous argumentons en essayant toujours d’avancer ensemble ! »
Clara insiste aussi sur la gratuité de la plupart des événements organisés dans le cadre de son association. « PrOlific est une association fondée sur le dialogue et la proximité. J’organise ainsi une visite de mon laboratoire une fois par an. Car nous tenons à faire se rencontrer le grand public, d’une part, et les chercheurs à l’origine de projets, d’autre part ».
PrOlific fait se rencontrer chercheurs et grand public
Ainsi, PrOlific organise une grande soirée le 16 octobre prochain dans le cadre d’octobre rose, mois de la sensibilisation au cancer du sein. « En partenariat avec la mairie de Paris Centre, nous organisons cette année une grande soirée sur un type de cancer du sein particulièrement agressif, le ‘triple négatif’ ».
Au cours de cette soirée, deux médecins, un jeune chercheur, une association, une startup et une boîte pharma se réuniront autour d’une table ronde pour évoquer leurs rôles respectifs. Cela va de la paillasse du chercheur jusqu’au lit du patient, en passant par les essais cliniques. « Nous aurons ainsi l’occasion d’offrir un aperçu très complet des avancées de la recherche ! », souligne Clara.
PrOlific organise des événements festifs autour d’un sujet dramatique, le cancer du sein… « C’est ainsi que nous pourrons observer ce soir-là une chorégraphie mise au point par l’association ELLESDANSENT, faisant danser des patientes atteintes de cancers du sein. Une fanfare viendra jouer dans la cour pour attirer le public. La mairie du 3e arrondissement, où se tiendra l’événement, a accepté d’illuminer son bâtiment en rose. Nous essayons par conséquent de mettre en place une ambiance festive autour d’un thème a priori douloureux ».
Graine de chercheur
Parmi les projets ‘PrOlific’ lui tenant le plus à cœur, Clara cite l’attribution de bourses ‘Graine de chercheur’. L’originalité de ce dispositif provient du fait que ce ne sont pas les chercheurs eux-mêmes qui font des demandes d’argent, mais des étudiants en thèse. « De jeunes chercheurs qui en sont au tout début de leur carrière nous envoient leur dossier composé d’une partie scientifique et d’une autre partie ‘grand public’. Le jury chargé d’attribuer les bourses Graine de chercheur se compose pour moitié de scientifiques. Ces derniers garantissent ainsi la validité scientifique des projets qui leur sont soumis. L’autre moitié se compose de non-scientifiques estimant leur impact social et grand public ».
Les étudiants sélectionnés sont évidemment très heureux de l’obtention d’une telle bourse dont le montant est fixé à 2.000 euros. « Ils peuvent se servir de cet argent pour développer leur projet ou bien pour partir en mission aux États-Unis ou ailleurs afin de participer à un congrès. Ou alors ils peuvent s’acheter un ordinateur très puissant pour les aider à gérer leurs données. Cela représente un atout indéniable pour de jeunes chercheurs ! »
La collecte des fonds, problème nodal pour PrOlific
Afin de soutenir certains projets lui paraissant intéressants, PrOlific compte sur donateurs et adhérents. L’adhésion ne coûtant que 20€, cela reste bien sûr insuffisant pour financer des programmes de recherches pluriannuels ! « Cependant, affirme Clara avec gratitude, il est très important pour nous de pouvoir compter sur notre base d’adhérents. Pour nous, chaque don est important ! »
Pour obtenir des financements complémentaires, PrOlific sollicite des fondations ou associations qui lui allouent des subventions à destination de la recherche. C’est le cas, par exemple, de la Fondation Rothschild qui, chaque année, attribue à PrOlific plusieurs dizaines de milliers d’euros. Ou des caisses de retraite et de prévoyance d’AG2R LA MONDIALE, partenaires de PrOlific pour financer le projet ‘cancer du sein ATIP3’.
C’est aussi le cas de la fondation Odysséa spécialisée dans la collecte en ligne. Cette dernière organise des courses à pied sur toute la France au bénéfice de la recherche sur le cancer du sein exclusivement. Au fil du temps, une relation de confiance s’est instaurée entre PrOlific et Odysséa. Si bien que, chaque année, cette dernière lance une collecte en ligne dédiée à PrOlific. « Dimanche 1er octobre a ainsi eu lieu la course Odysséa à Paris, autour du Château de Vincennes. Grâce à l’extraordinaire solidarité des donateurs, lors de l’édition 2023, pas moins de 65.000€ ont ainsi pu être reversés à PrOlific ! »
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Objectif : accroître les ressources !
Dans l’idéal, Clara souhaiterait pouvoir disposer d’un budget de 500.000 € de dons à redistribuer. Cela lui permettrait de pouvoir elle-même travailler sans trop de soucis matériels. Tout en redistribuant elle-même de larges subsides à des collègues chercheurs. Malheureusement, elle doit se contenter pour l’instant d’un budget bien moindre !
Alors, vous qui lisez ces lignes, vous savez désormais que la recherche fondamentale a besoin de votre générosité…
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Dans cette vidéo Odysséa, Clara Nahmias nous donne un aperçu de son métier de chercheuse doublée de fondatrice de l’association PrOlific. Vidéo : (c) Odysséa.
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