Bonjour Lab, créateur d’expériences digitales interactives pour les marques (Jean-Philippe Jacquot)

Connaissez-vous le design génératif ? Bonjour Lab, co-créé à Paris il y a dix ans par Jean-Philippe Jacquot, en est l’un des acteurs de premier plan. À partir de lignes de codes, le studio de design génératif est à l’origine d’installations digitales sur mesure. Autonomes, ces dernières s’adaptent à chaque utilisateur. Jean-Philippe nous invite aujourd’hui dans son univers numérique féérique pour nous en décrire l’incroyable potentiel créatif. Son but ? Faire passer le message d’un artiste ou d’une marque de la façon la plus efficace possible !

Aujourd’hui directeur général et co-associé de Bonjour Lab, studio de design génératif, Jean-Philippe Jacquot réalise un cursus académique classique… mais pas que ! « Je proviens du monde de la communication. J’ai commencé par suivre des études dans un IUT et en école de commerce. Parallèlement, j’avais déjà une pratique artistique dans l’univers des musiques électroniques. Il y a déjà une vingtaine d’années, je participais à l’organisation de festivals d’art minimal et expérimental dans le domaine des arts visuels et sonores ».

Par la suite, Jean-Philippe s’expatrie pendant quelque temps à Berlin. Là, il entre en contact avec un monde culturel fascinant. La musique, les arts graphiques ou numériques y sont absolument foisonnants. Soucieux de pérenniser sa pratique, il revient néanmoins en France. Et y complète son cursus par un diplôme d’ingénieur multimédia mettant l’accent sur le code. « J’étais obsédé par l’idée de trouver le moyen de faire passer un message le plus efficacement possible ».

Au départ, l’inspiration anglo-saxonne

Quand il revient de Berlin, internet est véritablement installé, tout comme les nouvelles pratiques recourant à des outils de design révolutionnaires. À l’issue de sa formation, il intègre une agence de production événementielle faisant intervenir des artistes connus sur ses events . C’est là qu’il fait la connaissance de son futur associé Alexandre Rivaux, directeur technique de Bonjour Lab, pourtant issu d’une école de design ! Il y rencontre aussi Benjamin Menager, directeur de la création et grand féru de nouvelles technologies de design.

À ce moment, les trois associés cherchent la meilleure façon d’allier monde des arts (visuels, sonores) et nouvelles technologies du design génératif. Inspirés par la vogue des creative technologies en provenance des pays anglo-saxons, ils réalisent qu’ils peuvent faire aussi bien, voire mieux. « C’est ainsi que Bonjour Lab est né, de notre volonté de faire émerger pour nos clients de nouveaux concepts qui leur paraissaient inaccessibles jusqu’alors ».

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Premier contrat, premier succès

Jean-Philippe se rappelle du jour où les trois hommes décrochent leur premier contrat, comme si c’était hier ! « Notre client s’appelait Côte d’Or. Il voulait faire le lien entre son produit et nos cinq sens. Nous avons donc créé une musique à partir de sonorités rappelant le chocolat (plaque que l’on casse, noisette que l’on émiette, etc.). La particularité de cette première création consistait à caler le tempo de la musique sur le pouls de l’utilisateur. La personne finissait par être plongée dans un univers sonore et visuel, rythmé par son propre cœur ».

L’installation commençait par prendre le pouls de l’utilisateur curieux de vivre une expérience différente. Son rythme cardiaque lui était par la suite renvoyé sous la forme d’une musique rythmée par son propre cœur. Dans le même temps, grâce à un pad numérique, l’utilisateur pouvait déclencher des sons liés au chocolat. Chaque son aboutissait en temps réel à la création d’une fresque graphique. « Notre installation mêlait créations visuelle et sonore, à partir de la captation d’un pouls ».

Depuis, Bonjour Lab a déployé ses installations au sein de nombreux événements de marques. « Les clients du studio veulent ainsi offrir à leurs invités le type d’expériences unique que nous mettons au point spécialement pour eux ». En magasin, Bonjour Lab crée des points chauds autour d’une marque ou d’un produit. Ces installations ont également été mises en vedette lors de festivals d’art numérique. « Bonjour a ainsi autoproduit ses propres pièces d’art. Certaines ont rencontré le succès, à tel point qu’elles ont parcouru le monde ». D’autres encore, à vocation pédagogique, se sont retrouvées dans des musées.

Bonjour Lab se concentre sur la création visuelle interactive

À ses débuts, Bonjour Lab est perçu comme l’agence tous risques du projet interactif et créatif. « Nous examinions tous les aspects du projet sur lequel nous travaillions : développement web, développement du visuel en ayant notamment recours à de multiples capteurs électroniques ». Aujourd’hui, Jean-Philippe et son équipe concentrent leurs efforts sur le design génératif, via des lignes de code. « Une fois que le design est produit, il devient un organisme vivant et autonome. C’est vraiment sur cette base que nous construisons l’ensemble de nos projets ».

Le studio resserre donc son activité sur la création visuelle interactive, en proposant des pièces parfois monumentales, à voir ou à expérimenter. « Lorsque nous abordons un sujet, avant même de commencer à travailler, nous savons exactement comment nous allons l’exécuter, le maîtriser et le déployer. En ce sens, nous restons des artisans du numérique ».

Lorsque nous abordons le thème de l’intelligence artificielle, Jean-Philippe évoque le risque de la standardisation. Selon notre interlocuteur, « pour se différencier, il convient d’avoir une idée extrêmement précise de ce que l’on veut obtenir. Ainsi, l’ingénieur prompteur (prompt engineer) doit avoir des connaissances précises en termes de direction artistique ou photographique pour formuler ses instructions de façon aussi précise que possible. Seul ce background lui permettra de produire exactement l’image qu’il a en tête, avec le type de rendu qu’il en attend. Sinon, l’IA ne produira que des images banales et indifférenciées ».

Les projets-phares de Bonjour Lab

Parmi les projets-phares ayant marqué l’histoire de Bonjour Lab, Jean-Philippe évoque la Nuit Blanche organisée en 2020 avec la Ville de Paris et Qatar Museum. « A cette occasion, nous avions monté une installation interactive géante intitulée ‘Jardin de lumière’. Le public se promenait sur un tapis d’Orient lui donnant un aperçu de la faune et de la flore du Qatar. Les utilisateurs avaient l’impression que la végétation leur poussait sous les pieds. Des senteurs en huiles essentielles remontaient du sol. Le tout dans un environnement sonore évoquant le Qatar, alors que nous étions en plein sur les Champs-Élysées, au mois d’octobre et sous la pluie. Tel un tapis volant, notre installation transportait le public en le faisant voyager vers d’autres horizons ».

Dans un tout autre registre, Jean-Philippe est très fier du film de synthèse produit cette année retraçant les 170 ans de la « bee bottle » de Guerlain, grâce à l’intelligence artificielle. « Nous faisons ainsi traverser différentes époques à la célèbre bouteille de parfum, entre passé, présent et futur ».

Bonjour Lab sort de l’ombre

Aujourd’hui, Bonjour Lab veut mettre en avant tout son potentiel créatif pour sortir de son positionnement de producteur. Les marques voient le studio comme un simple exécutant de projets conçus au sein d’agences de communication. Or, ces dernières, même si elles drainent un grand nombre de projets, sous-exploitent les capacités créatives de Bonjour Lab. « Les agences ne sont pas au courant de l’étendue de nos possibilités. Si bien que nous nous retrouvons à produire des projets n’allant pas au bout de leur potentiel créatif. Il est donc temps pour nous d’être vus et perçus par les annonceurs comme de véritables créateurs. Cela nous permettra d’échanger avec eux en direct ».

Par ailleurs, Jean-Philippe remarque que les annonceurs sont aujourd’hui de plus en plus éduqués. Si bien qu’ils peuvent se passer de tout intermédiaire les conseillant quant à leurs projets digitaux multimédia. Jean-Philippe veut donc s’appuyer sur sa marque créative, Bonjour Lab, pour travailler en direct avec les sponsors. « Nous serons ainsi en mesure de leur présenter nos idées les plus créatives pour les convaincre et emporter leur adhésion. Nous pourrons alors leur faire la démonstration de toute l’étendue de notre savoir-faire ».

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