Le 10 octobre dernier, au cirque Bormann, nous avons eu le privilège d’assister au gala annuel de l’association Hope centré sur la comédie musicale Elles étaient une fois les Hoptimistes ! Mise en scène par Guila BRAOUDÉ, écrite par Annabel BROURHANT et sa bande d’indécrottables Hoptimistes, ce show a montré ce que résilience voulait dire… par l’équithérapie notamment. Clou du spectacle : ce cheval qui monte sur scène au milieu de toutes ces femmes rescapées du cancer, séquence hypnotique s’il en est ! Rencontre avec Annabel BROURHANT venue nous expliquer sa démarche.
Annabel BROURHANT a eu plusieurs vies: journaliste, maman, artiste-peintre, patiente ayant surmonté plusieurs cancers. Elle travaille ainsi pendant près de 15 ans à la télé : LCI, la 5ème, France 3, la RTBF, ou encore la TSR. Cofondatrice il y a huit ans de l’association Hope venant en aide aux femmes atteintes d’un cancer, elle est elle-même concernée au premier chef.
Son premier cancer du sang remonte à dix ans… suivi par un mélanome sept ans après. En décembre dernier, alors qu’elle s’apprête à tourner la page, elle apprend la récidive de son cancer du sein, avant d’avoir un second mélanome en juin. En raison d’une mutation génétique, le risque de développer un mélanome puis un cancer du pancréas est élevé chez elle. « Je suis donc surveillée tous les 6 mois. Et je vis en permanence avec cette épée de Damoclès ! »
Madame Cent Mille Volts
Dotée d’une énergie hors norme, Annabel BROURHANT monte son premier poney club à onze ans. « Les gens du village disaient : ‘mais elle est un peu folle celle-là !’ J’avais déjà l’âme d’une entrepreneuse ». Très moyenne à l’école, elle pense qu’il n’est pas besoin d’être scolaire pour réussir dans la vie. « À partir du moment où l’on a décidé qu’on avait envie de réaliser quelque chose, tout est possible ! »
Selon Annabel BROURHANT, certaines personnes reçoivent des dispositions à la naissance. « La mienne consiste à pouvoir emmener tout le monde avec moi ! J’arrive à convaincre les gens et à les entraîner dans mon tourbillon ». Tout en reconnaissant qu’il est important de savoir s’entourer. « Quand on est le patron, on peut se dire qu’on a bien fait son travail quand les choses continuent à tourner, même en notre absence ». Les arrêts imposés par la maladie n’ont donc nullement empêché ses différents projets d’avancer !
L’équithérapie, c’est quoi ?
Annabel BROURHANT découvre l’équithérapie de manière instinctive, le jour où, après l’ablation de son sein, elle décide de remonter à cheval trois semaines après son opération. « À l’époque, ma jument Magie était à l’âge adolescent. Or, les chevaux sont à cet âge-là comme les humains. Ils ne nous écoutent pas, ils sont un peu bébêtes, ils font les andouilles et peuvent donc nous faire tomber. Je lui ai dit : « Écoute, Magie, je viens d’être opérée, j’ai eu une reconstruction, je ne peux pas tomber ». Je suis remontée sur son dos et elle s’est montrée à l’écoute ».
Annabel définit l’équithérapie comme une thérapie avec le cheval comme médiateur. « Quand les femmes ne parviennent plus à verbaliser les choses, le cheval va simplement ressentir leurs émotions. Il a la douceur et le côté doux et chaud d’une maman quand on se met contre lui. Très souvent, quand les femmes arrivent chez Hope, elles sont mères et épouses. Et n’ont donc pas lâché prise. Elles n’ont pas encore acté le fait qu’elles étaient malades. Au contraire, elles se mettent la pression pour continuer à cent à l’heure. Car elles se disent qu’elles doivent être là pour tout le monde. Par rapport à cela, le contact du cheval leur permet de lâcher prise ».
Face à cet animal de six cents kilos en liberté, les femmes réalisent très vite qu’elles peuvent le guider rien qu’avec leur corps, leur souffle ou leur voix. Désormais capables d’affronter leur peur face à lui, elles regagnent leur confiance en elles. « Elles dépassent leur peur, la peur de la mort, la peur de la récidive, la peur de la maladie ».
Le bien que fait l’association Hope
Pour démontrer les bienfaits de l’équithérapie, l’association Hope fait appel à Kimso. Ce très sérieux institut évalue le taux de satisfaction des personnes passées par Hope à 97%. Comme Annabel BROURHANT le remarque, les photos des femmes prises le jour où elles arrivent n’ont rien à voir avec celles de leur départ !
Ainsi, 65% d’entre elles font à nouveau des projets. Ou reprennent leur travail. Annabel attribue ce “miracle” à l’influence positive de la communauté. « Quand elles arrivent chez nous, elles ne se connaissent pas. En cinq minutes, elles deviennent amies. Puis ne se quittent plus, car elles ont trouvé en Hope une communauté d’entraide et de soutien. Cette communauté les relie à la sororité immédiate d’un parcours commun, celui de la maladie ».
Elles reprennent ainsi la devise des mousquetaires à leur compte, en l’adaptant. Le ‘Tous pour un’ devient ainsi un ‘Nous sommes toutes un ‘Je’ et nous sommes toutes un ‘Nous’ ! « Dans la maladie, nous sommes toutes entourées par nos proches. Ils nous donnent beaucoup de réconfort. Cependant, nous ne sommes jamais mieux entourées que par des personnes avec le même parcours de vie. Et c’est ça aussi Hope ! »
Elles étaient une fois les Hoptimistes : une comédie musicale entre rire et larmes
Dans le cadre de ses activités liées à l’art-thérapie, Annabel BROURHANT a créé Elles étaient une fois les Hoptimistes. « Quand je me suis retrouvée pour la première fois à l’hôpital, moi qui suis hyperactive, je me suis ennuyée. J’ai donc commencé à écrire des textes, un livre, en me disant que j’en ferais quelque chose, un jour ».
Comme elle ne dort pas bien, elle se lève au milieu de la nuit et elle écrit des chansons. « J’ai ainsi écrit Résilience, Le Crabe ou encore Tictac Boom, mais aussi Ça sur la table d’examens. Et Mélanie BAJOT les a mises en forme et en musique, en comprenant immédiatement ce que j’avais en tête. D’autres chansons comme Si ou Les Guerrières, Sisters aussi, ont vu le jour dans nos ateliers d’écriture chez Hope, où nous écrivons ces chansons au milieu des chevaux ».
Il y a 2 ans, elle se retrouve à table pour déjeuner avec Guila et Patrick BRAOUDÉ (acteur, réalisateur, scénariste et producteur). Guila, elle-même metteur en scène, réalisatrice et productrice, luit dit alors : “moi aussi, j’ai eu un cancer”. Annabel en profite pour lui faire le pitch de son idée de spectacle… et la convaincre. C’est ainsi que naît le spectacle ! Aujourd’hui, la troupe se compose de 20 à 25 filles qui racontent toutes l’histoire de leur maladie. Tous les textes sont nés lors d’ateliers d’écriture organisés par Hope.
Annabel BROURHANT poursuit : « À chaque fois que nous jouons, nous retrouvons ces moments de sororité, moments de partage… et de craquage aussi ! Bien entendu, quand nous récitons nos propres textes, nous sommes encore dans l’art-thérapie et il nous arrive souvent de pleurer sur scène. Car ce sont nos parcours de guerrières que nous dépeignons sur scène. Avec ce qu’ils ont de beau mais aussi de moche par rapport à la maladie ».
Quels sont les besoins de l’association Hope aujourd’hui ?
Aujourd’hui, l’association Hope est en quête de fonds car chaque protocole individuel coûte mille trois cents euros. Car l’association Hope donne le choix aux femmes. Premièrement, elles peuvent participer à un séjour Hope, soit six à huit jours passés ensemble, complètement pris en charge. Deuxièmement, elles peuvent se rendre dans les différentes antennes Hope en France pour y passer une journée entière et quatre après-midi. De notre côté, Hope paye les thérapeutes, la location des lieux et celle des chevaux.
Or, tout cela coûte de l’argent ! « Aujourd’hui notre budget annuel s’établit à cinq cent mille euros. En ce qui me concerne, je suis bénévole à 100%. Il en est de même pour toutes mes amies Anne, Juliette, Kathy, Bérénice, Fanny… et de nombreux autres bénévoles. Mais nous avons quand même trois salariés permanentes pour les partenariats, l’administration et la gestion de la Maison Hope localisée en Haute-Savoie ». Dans ce refuge, les femmes peuvent venir faire des activités comme du yoga, de la méditation ou de l’art-thérapie, même en dehors des séjours.
À lire également : « La Vie en Turquoise » : journal intime de guerre contre le cancer (Élise GIRAUDAU).
Une antenne de l’association Hope à moins de cent kilomètres de chaque femme malade
Annabel BROURHANT a pour objectif d’ouvrir sept antennes supplémentaires, de façon que chaque femme malade puisse disposer d’une antenne à moins de cent kilomètres de chez elle. « Le but est d’améliorer l’accès à nos protocoles d’équithérapie et d’art-thérapie pour toutes celles qui en ont le besoin ! »
Par ailleurs, l’association organise en mars prochain les ‘Soixante-douze heures chrono’. Durant cette opération, l’ensemble des ambassadeurs de l’association Hope, nombreux et prestigieux (Thierry LHERMITTE, Élodie FONTAN, Xavier de MOULINS, Virginie COUPÉRIE-EIFFEL, Matthieu STEFANI, etc.) s’engagent à solliciter les petits et grands donateurs. Pour recueillir des fonds et s’assurer que Hope réponde bien “présente” lorsque les femmes en ont besoin, le Gala et les Soixante-douze heures chrono sont donc des moments capitaux pour l’association !
Plus d’informations en cliquant ici.
Qui est Annabel BROURHANT, co-fondatrice de l’association Hope ? Une survivante, une guerrière et une battante ! Dans une courte interview, elle nous explique comment elle a mis l’équithérapie au cœur de ses projets de soutien aux femmes touchées par le cancer : association Hope, exposition photo et maintenant la comédie musicale ‘Elles étaient une fois les Hoptimistes’… Photo : (c) extraite de l’exposition « Cicatrices », par Emmanuel BERROD. Vidéo : (c) LaTDI et Association Hope. Musique : (c) Elles étaient une fois les Hoptimistes.
Auteur :