S’inscrivant dans la prestigieuse lignée des médecins-écrivains, entre Céline et Conan Doyle, Marie VILLEQUIER se sert de son talent d’écrivaine pour transmettre ses émotions et surmonter les épreuves de sa vie. C’est ainsi qu’elle trouve une forme d’ancrage qui lui fait reprendre goût à la vie, après le décès de sa fille. Son roman Et nos routes toujours se croisent, paru aux éditions de la Rémanence en 2024, s’inspire de son expérience dans le milieu médical. Un récit célébrant la résilience, l’amour et la solidarité...
En octobre 2024, Marie VILLEQUIER réalise son rêve d’enfant en publiant son premier roman. De sa vie personnelle, marquée par le drame de la perte de sa petite fille, elle tire un récit lumineux plongé dans les affres d’un service d’onco-hématologie. Elle trouve la force de s’extirper de l’univers hospitalier dans lequel elle s’était plongée jusqu’alors. En effet, elle bifurque vers la protection maternelle infantile. Désormais, elle propose des consultations de pédiatrie préventive pour les enfants de 0 à 6 ans. Elle réalise également des bilans de santé en école maternelle. En outre, elle offre un accompagnement aux familles et les soutient dans leur parentalité.
Et nos routes toujours se croisent : une fiction directement inspirée de la réalité hospitalière
Pour Marie VILLEQUIER, l’écriture constitue le moyen de surmonter sa peine, immense, suite au deuil de sa fille. Dans Et nos routes toujours se croisent, elle se livre à une description à la fois réaliste et romancée du milieu hospitalier. Dans cet ouvrage, l’autrice décrit l’hôpital comme une véritable zone de guerre, où les personnels soignants et les médecins luttent continuellement avec un seul but : sauver des vies. Cela n’empêche pas certaines dissensions entre les internes d’éclater au grand jour. L’autrice les utilise pour amplifier le suspense et l’émotion et capter ainsi l’attention du lecteur. De plus, Marie VILLEQUIER n’hésite pas à dénoncer certaines dérives de la médecine moderne. Elle critique notamment la bureaucratisation et la mutualisation excessive des services. Dans un tel contexte, les soignants deviennent des bouche-trous pour accommoder des plannings démentiels.
Durant ses années de pratique hospitalière, Marie VILLEQUIER a elle-même connu ce genre difficultés, particulièrement dans son service d’oncologie pédiatrique destiné à l’accompagnement d’enfants gravement malades et de leurs familles. Cet environnement émotionnellement lourd crée une charge mentale parfois excessive que les soignants ont du mal à assumer. Ce qui les fait tenir, dans le livre comme dans la vie : l’esprit d’équipe et la solidarité entre collègues.
Marie VILLEQUIER recrée une atmosphère tendue digne d’Urgences
Lorsqu’on lit Et nos routes toujours se croisent, on retrouve l’atmosphère des séries médicales comme « Urgences » ou « Grey’s Anatomy ». L’autrice utilise des anecdotes ou des conversations dont elle a été le témoin pour construire ses personnages et leurs histoires. Elle s’inspire en outre de ses propres expériences et de ses relations avec les patients. Ainsi, l’interne Étienne, les petits patients Younès ou Clément constituent des personnages-mosaïques créés à partir d’une galerie de personnes dont elle a croisé le chemin…
Marie VILLEQUIER se sert de ses personnages et des situations dans lesquelles elle les plonge pour illustrer les valeurs de résilience, d’amour et de solidarité. Pour autant, il était important pour elle de montrer la réalité des services pédiatriques, souvent perçus comme effrayants vus de l’extérieur. Le lecteur réalise alors que, malgré la tristesse et la douleur, ces services sont également des lieux de lumière, d’amour et de rires. Ces fulgurances au milieu de tant de noirceur permettent aux soignants, aux patients et à leurs familles de traverser les épreuves les plus difficiles.
Afin de rendre ses personnages plus humains et attachants, Marie VILLEQUIER introduit néanmoins des éléments de fiction et de romanesque. Ainsi, chacun de ses personnages traîne avec lui un lourd secret qui influence sa manière de travailler et d’interagir avec les autres. Étienne, par exemple, dissimule une période douloureuse de sa vie familiale. Cela impacte son comportement professionnel.
Des personnages complexes, nuancés et empathiques
Dans son roman, Marie VILLEQUIER s’attache à plonger tout au fond de l’âme humaine pour en montrer la complexité. Chacun de ses personnages essaye de faire du mieux qu’il le peut. Par exemple, Étienne est assez insupportable au début. Il est désagréable avec sa co-interne et ses patients parce qu’il n’a pas envie d’être là. Il ne parvient pas à mettre la barrière professionnelle que l’on attend de sa part. Pourtant, son professionnalisme est reconnu dès le départ, recommandé, même, par tous ses anciens chefs. À mesure que nous apprenons à le connaître, nous comprenons l’épreuve qu’il traverse. Et nous développons un sentiment d’attachement et d’empathie à son égard. C’est son Arc de Transformation, par lequel chaque personnage passe alors qu’il subit une évolution majeure.
À travers la complexité de ses personnages, Marie VILLEQUIER nous apprend à ne pas juger trop vite les personnes qui nous entourent. Elle engage son lecteur à se mettre à la place de ses interlocuteurs. La clé pour apprécier pleinement les personnes que l’on côtoie au quotidien réside dans la compassion, selon elle ! Ainsi, le lecteur, irrité au début par la personnalité d’Étienne, finit par trouver certaines raisons pour l’aimer.
Marie VILLEQUIER n’a pas conscientisé son style. Sa manière d’écrire n’a pas été modelée à partir d’un auteur en particulier. Toutefois, elle s’attache à transmettre des sensations à son lecteur. Pour rendre ses dialogues plus percutants, elle retravaille longuement son texte, comme elle a appris à le faire lors de ses cours d’écriture créative. Tout en fouillant la profondeur de ses personnages, elle a également recours au suspense pour approfondir l’immersion du lecteur dans l’univers qu’elle a créé à son attention.

L’écriture pour Marie VILLEQUIER : une thérapie
La première fois que Marie VILLEQUIER tient son roman entre ses mains, elle est très émue. Elle a l’impression d’avoir réalisé son rêve d’enfant. Cela lui permet également de remettre un pied dans la vie. En effet, après la perte de sa fille, elle n’était plus en mesure de travailler. En parallèle de sa psychothérapie, accompagnée par une association de parents endeuillés, forte du soutien de ses proches, elle occupe ses journées en écrivant.
L’écriture lui permet de se relever de la perte de sa fille. Dans un premier temps, elle exprime ses émotions sous la forme de poèmes. Puis, sous la forme d’un récit-témoignage. Enfin, elle opte pour la fiction en se fixant un certain nombre de mots à écrire chaque jour qui passe. En se projetant sur de petits objectifs à court terme, elle remet un pied dans la vie. D’autant qu’elle est portée par la perspective de publier son roman.
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Universaliser ses expériences personnelles par le prisme de la littérature
La publication de son roman représente une grande victoire pour Marie VILLEQUIER. Il représente l’aboutissement de son deuil, même si elle pense qu’on ne fait jamais vraiment le deuil d’un être aussi cher que son propre enfant. Même si la perte de sa fille est le drame de sa vie, elle est parvenue à en tirer quelque chose de positif. Elle renoue ainsi avec ses rêves d’écriture de son enfance. Tous ces rêves qu’elle avait mis de côté pour poursuivre ses études de médecine… Par la même occasion, elle sort de sa prostration pour retourner à la vie.
Lorsqu’elle pense à l’avenir, Marie VILLEQUIER évoque son prochain roman n’ayant plus rien à voir avec la médecine. Il évoquera les destins croisés de femmes dépassant les limitations propres à leurs époques respectives. Bien qu’issues de deux époques différentes, leurs destins semblent entrer en résonnance l’un avec l’autre. Féministe, son roman traitera également du handicap et montrera l’importance d’aller jusqu’au bout de ses rêves. Son inspiration ? Dorine Bourneton, première pilote de voltige paraplégique. Marie VILLEQUIER caresse ainsi l’ambition de construire une oeuvre centrée sur sa philosophie réaliste et engagée, universalisant les expériences de ses personnages si particuliers.
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À la suite du décès de sa fille, Marie VILLEQUIER se lance dans l’écriture afin de coucher ses émotions sur le papier. Son roman Et nos routes toujours se croisent s’inspire de son expérience dans le milieu hospitalier. Elle y aborde les thèmes de la résilience, l’amour et la solidarité. Photo : (c) éditions de la Rémanence. Vidéo : (c) LaTDI. Musique : (c) ES_A Good Time (Instrumental Version) – waykap.
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