Nils MANGOLD, champion du vélo « made in France » avec Nilman Bicycle

Un vélo 100 % « made in France », est-ce possible ? Pas pour l’instant, selon Nils MANGOLD. Malgré ce constat, il fonde en 2022 son entreprise Nilman Bicycle. Son but ? Créer des vélos légers, performants, confortables, simples d’utilisation… et fabriqués en France (Alsace), autant que faire se peut. Cet ancien coureur cycliste revient sur son parcours d’entrepreneur amoureux de la petite reine…

Écrit en collaboration avec Vladan.

Passionné de vélo depuis qu’il est tout petit, compétiteur depuis l’âge de neuf ans, Nils MANGOLD devient rapidement sprinter sur piste de haut-niveau. Après une pause qu’il consacre à ses études, il revient à la compétition dans la discipline du pignon fixe. Et décroche une onzième place aux championnats du monde avec son équipe LOOK.

Côté études, Nils MANGOLD suit un cursus technique et commercial jusqu’à l’obtention d’une licence en ingénierie mécanique et d’un master en management et stratégie d’entreprise. Une fois ses diplômes en poche, il travaille dans un bureau d’études et poursuit pendant dix ans une carrière d’ingénieur commercial. Après la crise sanitaire, il fonde Nilman Bicycle en s’appuyant sur ses deux passions : la mécanique et le vélo.

Un vélo 100 % fabriqué en France, c’est possible ?

Le projet de Nils MANGOLD découle d’une observation. La plupart des fabricants de vélos soi-disant « made in France » se contentent en réalité d’assembler des pièces provenant de divers pays, asiatiques notamment. Ce constat est plus flagrant encore concernant les cadres en carbone, fabriqués quasi exclusivement en dehors de l’Union Européenne.

Nils MANGOLD et son équipe se fixent donc l’objectif suivant : créer et fabriquer un vélo en France, « pour de vrai » : « Le cadre en carbone et la fourche sont fabriqués dans nos ateliers. La peinture est également réalisée chez nous. Nous rayonnons toutes nos roues et n’achetons aucune roue complète. L’assemblage final du vélo est, bien sûr, effectué en interne. Nous avons recours à des composants fabriqués ailleurs lorsqu’il n’est pas possible de faire autrement. Cependant, autant que faire se peut, nous privilégions des composants français ».

Ainsi, Nils MANGOLD privilégie les fabricants français, comme Hutchinson pour les pneus, Mach 1 pour les jantes en aluminium ou encore Velox pour les fonds de jante. Cependant, il n’a pas d’autre choix que de travailler avec, par exemple, la marque japonaise Shimano pour tout ce qui est leviers, étriers, disques de frein. Il en est de même avec les cassettes de changements de vitesses intégrées au moyeu de la roue arrière.

Une offre à l’attention de cyclistes aux profils variés

Les choix techniques de Nils MANGOLD sont naturellement orientés vers la simplicité d’utilisation. Il donne ainsi la préférence à la technologie de la courroie de transmission par rapport à la chaîne. Car la première est plus légère et plus propre que la seconde. De plus, elle ne nécessite aucun entretien. « Au départ, nous voulions nous adresser aux personnes utilisant leur vélo tous les jours pour aller travailler, les ‘vélotafeurs’ ».

Nilman Bicycle propose donc une gamme de vélos urbains. Qu’il soit mono-vitesse, à huit ou onze vitesses, avec ou sans assistance électrique, chaque vélo intègre des pièces en carbone pour la légèreté et la performance.

Outre sa gamme urbaine, l’entreprise propose des vélos à l’attention des cyclotouristes et des cyclosportifs, avec son modèle ‘Gravel’. Ce dernier conserve la transmission par courroie, particularité rare dans ce segment. L’objectif de Nilman Bicycle est de s’adresser à un public le plus large possible, en proposant des vélos versatiles.

Nilman Bicycle, côté conception et fabrication

La conception de chaque vélo débute par le dessin du cadre. Bien que cette étape soit relativement peu connue du public, la géométrie, les angles et les longueurs des différents tubes composant le cadre d’un vélo déterminent le comportement de ce dernier. Le design n’intervient que pour créer un cadre reconnaissable : « On essaie d’obtenir un vélo plaisant et agréable à regarder. Comme on ne s’adresse pas aux compétiteurs, on n’a pas recherché l’ultra-performance. Notre but : produire des cadres reconnaissables, sobres et épurés. »

Les moules pour les cadres et les fourches sont dessinés et conçus chez Nilman Bicycle. « Ils sont usinés à proximité de nos ateliers. Ensuite vient le choix des matériaux, la fibre de carbone notamment ».

L’étape suivante est constituée par le drapage. Cela consiste à assembler manuellement dans des moules un peu moins de 600 petits morceaux de carbone préimprégnés et préalablement découpés. Ce processus nécessite cinq à six heures de travail uniquement pour le triangle principal du cadre.

25 à 30 heures de travail au total sur chaque vélo

Ensuite, les pièces sont cuites dans une presse chauffante, puis collées sur un marbre avant d’être peintes. Finalement, elles passent à l’assemblage. De la première découpe du rouleau de carbone à la dernière vis serrée, ce ne sont pas moins de 25 à 30 heures de travail qui sont nécessaires pour obtenir un vélo prêt à rouler.

Nils MANGOLD met un point d’honneur pour que chaque vélo soit le fruit d’un travail minutieux et se rapprochant le plus possible du 100 % « made in France ». Cette philosophie lui permet de sortir de ses ateliers des produits finis esthétiques, performants et accessibles.

Nilman Bicycle se fait voler ses prototypes à la veille du Salon Made in France !

À la veille du Salon Made in France, rendez-vous incontournable du savoir-faire français : c’est la tuile ! Alors que Nilman Bicycle comptait présenter ses produits au grand public, l’entreprise se fait voler ses prototypes et modèles de présérie. Les essais prévus par les clients, journalistes et influenceurs doivent tous être annulés ! À l’ouverture du salon, le stand de l’entreprise est vide !

Ce malheur survient à un moment critique pour l’entreprise. À court de trésorerie après une période d’intense développement, Nils MANGOLD comptait sur ce salon pour se refaire ! Mais les assurances refusent de couvrir ses pertes. Entre le matériel, le coût du salon, les retards de commercialisation et les ventes potentielles manquées, le préjudice subi dépasse largement la seule valeur des vélos volés. Nils MANGOLD l’estime à 80.000 euros.

Pour surmonter cette épreuve, Nils MANGOLD lance un appel au secours en ligne via Ulule : « Nous avons fixé un objectif de collecte réaliste, correspondant à ce qu’il nous fallait pour survivre, passer ce cap difficile et relancer notre campagne de commercialisation. L’idée n’était pas de couvrir l’intégralité de notre préjudice, encore moins de nous enrichir. Il s’agissait simplement de survivre ! » Heureusement, la collecte a dépassé les 30.000 euros, objectif fixé par Nils MANGOLD et son équipe.

Grâce à ce ballon d’oxygène, l’entreprise est en mesure de se concentrer sur la livraison de ses vélos et le déploiement de son programme de commercialisation pour l’année 2025. Grâce à la détermination de l’équipe et au soutien reçu, l’optimisme revient !

Le vélo « made in France » peut-il renaître de ses cendres ?

Pour valoriser ses vélos made in France, Nils MANGOLD compte sur France Vélo et son label Cyclo-score certifiant le « degré » de fabrication française des vélos. Ce label prend la forme d’un pictogramme de type nutri-score.

Comme le rappelle Nils MANGOLD, soutenir la fabrication française revient à préserver l’industrie, l’emploi et les savoir-faire locaux. « Ce qui est le plus important pour moi finalement, c’est de recréer les compétences que nous avons perdues ». Et il a conscience que pour relancer le vélo made in France, un large mouvement collectif est nécessaire.

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Nilman Bicycle, ambassadeur d’un vélo authentiquement made in France !

Nils MANGOLD élargit son réseau de distributeurs pour garantir aux clients le meilleur service après-vente. Pour ceux qui n’ont pas de distributeur à proximité, la vente en ligne est toujours possible.

Contrairement aux idées reçues, le made in France n’est pas forcément hors de prix. En internalisant l’ensemble de la production, Nils MANGOLD supprime les marges des intermédiaires tout en proposant une offre compétitive. Avec une capacité de production de deux vélos par semaine pour l’instant, Nilman Bicycle espère impulser un mouvement plus large permettant d’alimenter le marché français, dépassant les deux millions de cycles neufs vendus chaque année !