Il existe plusieurs façons d’aborder l’univers de la mode. Vous pouvez choisir de courir les défilés et de fréquenter les boutiques des marques prestigieuses, façon fashionista. Ou bien alors vous pouvez considérer les objets de mode d’un point de vue patrimonial, à la façon d’un(e) historien(ne). À l’occasion de la Fashion Week de Paris, fin septembre, la maison de ventes ArtCurial propose d’allier ces deux points de vue. Elle organise trois ventes consécutives, l’une consacrée à Karl Lagerfeld, l’autre à l’artiste de haute-coiffure Charlie Le Mindu et la troisième intitulée « Chanel Vintage ». Clara Vivien, expert spécialisé dans la mode chez ArtCurial, nous parle de ces ventes qu’elle prépare, tout en évoquant son métier qui est aussi sa passion.
Après avoir passé un bac littéraire, options art appliqué et histoire de l’art, Clara Vivien obtient une licence de droit à la faculté de droit de Montpellier. Comme elle souhaite travailler dans le marché de l’art, elle intègre l’ICART de Bordeaux (École du management de la culture et du marché de l’art). À la fin de son cursus, dans le cadre de son stage de fin d’études, elle exerce en tant qu’expert spécialisé dans la mode dans le domaine de la vente aux enchères. Elle se souvient : « J’ai découvert ce métier un peu par hasard, car je ne savais même pas qu’il existait ! »
Bien que son métier ne la plonge pas directement dans l’univers des défilés, de la fashion week, etc., il lui permet d’aborder l’univers de la mode du point de vue de la connaissance, du savoir. Elle s’efforce ainsi de dénicher des trésors chez les particuliers, de les dater, de les expertiser et de les estimer. « Cela mêle vraiment ma passion pour l’objet de mode, la haute couture, les accessoires comme les sacs à main, avec mon autre passion pour leur côté patrimonial et historique. Car la mode peut être considérée comme une activité artisanale et aussi comme un art, tout simplement ».
Quand elle prépare une vente, Clara fait tout de A à Z. « Je vais chez le client, je découvre les pièces, j’établis une sélection, j’estime, je prends les photos, j’effectue les recherches. Sans oublier la mise en ligne, puisque je m’occupe uniquement de ventes ‘online only’ ».
ArtCurial, une maison de ventes avant-gardiste
Salariée chez ArtCurial depuis six ans, Clara constate que les principales maisons de ventes parisiennes diffèrent toutes les unes des autres. Selon elle, Drouot est un point de rendez-vous pour les commissaires-priseurs de même que pour les maisons de ventes. En revanche, ArtCurial, Christie’s ou Sotheby’s sont des maisons de ventes vendant dans leurs propres locaux. Pour sa part, ArtCurial occupe l’Hôtel d’Espeyran, situé sur le Rond-Point des Champs-Élysées Marcel-Dassault. La bâtisse appartient d’ailleurs à la famille Dassault, actionnaire principal de la maison de ventes.
ArtCurial se positionne comme une maison de ventes novatrice. « À un moment donné, nous avons décidé avant les autres de nous lancer dans les ventes de BD, ou d’objets Hermès par exemple. Par conséquent, ArtCurial prend des risques, en adoptant une démarche avant-gardiste. Nous avons ainsi inauguré dès 2006, avec succès, un département street art, avant que les autres maisons de ventes ne nous emboîtent le pas ».
Ventes ‘online only’ vs ventes en salle
De la même façon, ArtCurial se montre très dynamique en matière de digitalisation des ventes. Dans une vente en salle, le commissaire-priseur est debout à la tribune. Muni de son marteau, il enchérit et prend les enchères des personnes présentes dans la salle, mais aussi sur internet (sur le live) ou encore par téléphone. Dans ce cas, il existe différentes façons d’enchérir.
« En revanche, poursuit Clara, sur une vente online, des personnes placent des enchères sans bouger de chez elles. La vente et les enchères sont entièrement automatisées et digitalisées. L’intervention du commissaire-priseur n’est alors plus nécessaire. Les acheteurs n’ont plus besoin de se rendre sur place. Pour ces derniers, cela paraît plus facile et moins intimidant ». Car beaucoup pensent encore que les ventes aux enchères sont très élitistes, réservées aux connaisseurs.
De plus, une vente digitale ‘online only’ peut s’étaler sur plusieurs jours, selon le principe popularisé par eBay. Au-dessus de chaque pièce, un compte-à-rebours s’affiche. Chaque acheteur sait donc jusqu’à quel moment il va pouvoir placer des enchères. La réflexion est donc permise. Les personnes intéressées peuvent même venir voir les pièces. « Je reçois les clients sur rendez-vous. Les ventes digitales n’empêchent pas les acheteurs potentiels de venir voir les objets, s’ils le souhaitent ».
Karl Lagerfeld et Charlie Le Mindu en vedette à l’occasion de la Paris Fashion Week
Dans le cadre de la Fashion Week, Clara prépare deux ventes ‘online only’ consacrées à Karl Lagerfeld. « Nous avons été contactés par un collectionneur allemand souhaitant mettre ses objets en vente sur le thème : ‘Karl Lagerfeld, une collection allemande’. Il nous a proposé sa collection de croquis et de photographies signés par Karl Lagerfeld. Nous nous sommes dit que cela représentait une opportunité de la présenter au même moment que la Fashion Week fin septembre, début octobre ».
Habituellement, Clara organise plusieurs ventes Chanel par an. Ce sont des ventes multi-vendeurs, c’est-à-dire que les objets proviennent d’un grand nombre de vendeurs provenant du monde entier. « Ces derniers me proposent des pièces Chanel. C’est un rendez-vous régulier. J’avais ainsi prévu la vente Chanel Vintage pour l’automne. J’ai donc choisi de combiner cette dernière avec la présentation de la collection allemande ». En parallèle, Clara a choisi de présenter dans la foulée les objets de haute-coiffure signés par Charlie Le Mindu, pour faire coïncider ces trois évènements avec la Fashion Week. « Nous avons ainsi choisi de répliquer la semaine de la mode dans le monde des enchères ».
Ces trois ventes sont complémentaires l’une de l’autre car elles réunissent des disciplines différentes. Charlie Le Mindu est un artiste spécialisé dans la haute-coiffure. Il réalise des œuvres plastiques assez folles, dont la matière première est le cheveu. Par ailleurs, la collection allemande donne à voir le travail personnel de Karl Lagerfeld en tant que photographe et dessinateur. Enfin, « Chanel Vintage » permet d’admirer les production de la maison Chanel. Cette exposition-vente fait donc explicitement référence à tout l’univers qui caractérise cette dernière : sacs à main, bijoux, tailleurs en tweed, ainsi que d’autres classiques.
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