Après être revenu sur l’idée d’origine et le principe de fonctionnement de sa start-up Nabu, Arnaud Doly en illustre le fonctionnement concret. Comment cela marche-t-il du point de vue du transitaire chargé de transporter une marchandise d’un point A vers un point B ? Arnaud revient également sur ses objectifs à long terme : il cherche à fluidifier les échanges internationaux de façon à sécuriser le transport international du fret, secteur clé garantissant notre prospérité et notre mode de vie…
Comme Arnaud Doly le souligne, son entreprise Nabu s’adresse à la société organisant le transport de marchandises, le transitaire. Selon Arnaud, « quand vous travaillez dans une entreprise de ce type et que vous êtes un déclarant en douane, vous recevez tous les jours des emails de vos clients avec des documents en pièces jointes. Le client vous dit qu’il s’agit d’une expédition qui doit partir à telle date. Il spécifie le point d’origine ainsi que la destination, de même que les ports ou les aéroports de transit. Il joint à sa demande les documents pour préparer la déclaration douanière de sortie ou d’entrée, à l’import ou à l’export ».
Le déclarant considère ces documents, il peut même les imprimer. Il vérifie que toutes les informations sont bien mentionnées et qu’elles sont correctes. Il ouvre le portail internet des douanes et saisit les informations à la main. En particulier, il reprend l’ensemble des lignes consacrés à la description de chaque article. Les produits ne sont pas toujours les mêmes, les quantités, de même que les montants varient. Il recopie chacune des lignes articles pour spécifier le type de produits concernés de même que leurs valeurs. Cela permet aux douanes de calculer les droits et taxes afférentes à la transaction.
La simplification des tâches proposée par Nabu
Pour éviter de tout faire manuellement, Nabu récupère les mails du transitaire quand ils arrivent dans son inbox. Elle en extrait les pièces jointes et importe le tout sur sa plateforme. Au terme du process, Nabu envoie un mail avec un lien vers le dossier, assorti du message suivant : « le dossier est prêt à être vérifié par vos soins ». Si le déclarant a le sentiment que l’algorithme a bien effectué son travail, il valide le dossier. S’il souhaite y apporter des corrections, l’interface permet de modifier les champs ou les données, de redessiner un tableau, etc.
Une fois que le dossier est conforme, le déclarant n’a plus qu’à appuyer sur « envoyer ». Cela génère automatiquement une déclaration douanière intégrant toutes les informations extraites des documents « bruts » initiaux. Selon Arnaud, « l’objectif consiste à replacer le déclarant en douane sur ses missions à valeur ajoutée. Il pourra ainsi se concentrer sur la vérification des informations. Il ne passera plus son temps à recopier des adresses ou des lignes de quantités et de prix ».
Arnaud poursuit : « notre objectif consiste à accélérer les formalités de dédouanement pour augmenter les capacités de production des transitaires, en faisant baisser le coût de chaque dossier et en diminuant le nombre des erreurs ».
Lancement de la version « bêta » en septembre 2022 pour une commercialisation début 2023
Nabu sort ce mois-ci son MVP, ou « produit minimum viable » (minimum viable product en anglais). Autrement dit, la version de test devant permettre d’obtenir un maximum de retours des clients. Nabu est donc en train de déployer sa plateforme chez ses clients, où elle sera mise en situation de production.
Le but pour Arnaud consiste à tester son produit avec ses premiers partenaires, les early adopters. Cela lui permettra de valider les gains obtenus et de vérifier que les clients sont satisfaits de sa plateforme. « Cela nous permettra également de corriger les dernières erreurs et d’améliorer encore le produit. Nous aimerions pouvoir lancer notre première version définitive en janvier 2023, afin de pouvoir la commercialiser à grande échelle, ce qui nous permettra de réaliser notre premier chiffre d’affaires ».
L’ambition de Nabu : streamliner la supply chain
La logistique est une industrie existant depuis des millénaires. Elle représente la pierre angulaire de notre style de vie. « Or, le public n’en a pas conscience. Quand les gens commandent sur Amazon, ils ne pensent pas que leur marchandise passe par un avion ou un porte-conteneur, etc. »
La vision de Nabu sur le long terme consiste à créer un standard, une référence, concernant la transmission des informations indispensables au bon fonctionnement des rouages du commerce international. Aujourd’hui, chaque entreprise, y compris à l’intérieur même de nos frontières, utilise des logiciels différents. À l’intérieur d’une même entreprise, chaque service dispose d’un logiciel distinct, ou alors d’une version différente de ce dernier. Au niveau international, l’absence de standardisation est plus criante encore. « Le constat s’impose : l’interopérabilité n’est vraiment pas de mise. Pourtant, nous devons trouver le moyen de prendre la donnée comme elle se présente, pour la convertir au format souhaité ».
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Au-delà, Nabu cherche à accélérer les opérations administratives, qui aujourd’hui représentent un véritable goulot d’étranglement dans le transport international. Souvent, les personnes se contentent d’attendre que les documents soient processés, qu’ils passent par tel organisme ou tel autre, ce qui génère des coûts supplémentaires. On attend ainsi que la CCI émette un document. Arnaud conclut : « le but recherché revient à automatiser les tâches administratives. Ainsi, les logisticiens seront en mesure de se focaliser entièrement sur leur cœur de métier ».
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Arnaud Doly révèle comment il a trouvé le nom de sa société. Nabu est tout simplement le dieu des scribes, de même que la planète administrative dans Star Wars ! Photo : (c) Nabu. Vidéo : (c) LaTDI.
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