Manos Dhada : Fiona et ses doigts de fée restaurent vos meubles (1/2)
Pourquoi acheter de nouveaux meubles quand il est possible de restaurer ceux que vous possédez déjà ? Tel est le défi que Fiona et José ont choisi de relever depuis qu’ils ont fondé leur petite entreprise de restauration de meubles en 2020, à Puçol, près de Valence (Espagne). Attirée par le travail du bois depuis sa plus tendre enfance, séduite par le recyclage et le réemploi, Fiona est revenue pour nous sur l’histoire derrière la success story de Manos Dhada (‘doigts de fée’ en espagnol).
D’abord attirée par des études vétérinaires, Fiona se réoriente vers un cursus d’architecte d’intérieur. Lorsqu’elle obtient son diplôme, l’Espagne est alors plongée dans la crise de 2008, entraînant de nombreuses faillites et l’empêchant de s’installer à son propre compte. Elle prend donc les emplois qui se présentent (vendeuse, etc.). Sur les conseils d’une amie inscrite en histoire de l’art, option restauration de meubles, elle entame un nouveau cursus de quatre ans au sein d’une école de restauration de Valencia : Gaia. « Je me suis dit que cela pourrait me plaire, car j’aimais bien le bois et j’éprouvais déjà du plaisir à travailler avec mes mains », nous dit-elle.
Manos Dhada : incubation
Sa formation terminée, dans un premier temps, elle se contente de conduire de petits projets personnels : « je décorais des boîtes, je travaillais sur des meubles que je trouvais dans la rue ou ailleurs, mais je ne le faisais pas de façon professionnelle. C’était pour mon usage personnel, il n’était pas question à l’époque de vendre quoi que ce soit pour pouvoir en vivre ».
En parallèle, elle travaille en tant que vendeuse dans différents secteurs (parfums, chaussures), « car il fallait bien payer les factures ». En 2013, elle fait la connaissance de José, dont la famille possède un garage qu’il propose de mettre à sa disposition pour le transformer en atelier de restauration de meubles. Comme Fiona le reconnaît, « il nous a fallu plusieurs années de discussions avant que notre projet ne prenne forme. Au début, il s’agissait d’un simple fantasme. Je pensais à mon grand-père qui avait son propre atelier dans la maison de famille dans laquelle je passais toutes mes vacances d’été. Je me disais que cela serait bien de faire comme lui. »
Le projet de Fiona a maturé lentement, puisqu’elle est une jeune restauratrice de meubles… à quarante ans passés maintenant. Comme elle le reconnaît elle-même, il a fallu qu’on la pousse un peu avant qu’elle ne passe à l’action. « J’avais des idées sur ce que je voulais faire, bien entendu, mais je ne voyais pas comment je pourrais m’y prendre, étant seule. Il a fallu qu’une personne me persuade et me donne l’assurance qui me manquait alors pour passer aux actes ».
Un projet d’équipe centré sur la restauration de meubles
C’est José qui parvient finalement à persuader Fiona de concrétiser son projet, en installant son atelier dans le garage de son père ! Elle commence à aménager le local et à le transformer en atelier/boutique/salle de cours, désormais dévolu à la restauration de meubles !
Ainsi, Fiona s’occupe de la partie artistique et du cœur de l’activité de Manos Dhada, à savoir la restauration de meubles. Elle prend également en charge le relationnel avec les clients, n’hésitant pas à effectuer les allers et retours nécessaires pour aider ces derniers à mieux définir leur projet. « Les clients peuvent venir à l’atelier ou alors nous communiquons sur WhatsApp pour savoir ce qu’ils voudraient faire de leurs meubles : je leur donne des idées, au besoin ». Enfin, Fiona passe également de longues heures sur les réseaux sociaux (Instagram, Pinterest, Facebook) afin d’animer sa communauté.
José, quant à lui, s’occupe de la partie technique, financière et comptable. Il réalise également des tâches logistiques (récupération et livraison des meubles). Il gère aussi toute la partie informatique venant en soutien de leur activité : réalisation et maintenance du site internet, référencement sur les moteurs de recherches, analyse des flux de visiteurs, etc.
Amour du bois, antiquités et recyclage
Depuis toute petite, Fiona aime dessiner et se sent attirée par les activités artistiques. Que ce soient le chant, la danse, le dessin ou la peinture. Son grand-père travaillait déjà le bois au sein de son atelier. « Avec le temps, je me suis aperçue que je tenais cela de lui. J’ai dû absorber, même inconsciemment, cet aspect de sa personnalité. Si bien que cela m’est venu tout seul par la suite. Je crois que, sans le faire exprès, mon grand-père a joué un rôle déterminant dans le déclenchement de ma vocation ».
Fiona appuie sa démarche sur des préoccupations écologiques. Favorable à la réutilisation et au réemploi d’objets de seconde main, elle est par ailleurs animaliste et végétarienne. Elle milite pour le réemploi de tous les meubles, particulièrement les meubles anciens. En effet, ces derniers sont d’une fabrication généralement plus solide et durable. Ils sont également construits avec des matériaux plus qualitatifs que les meubles d’aujourd’hui. Selon Fiona, « compte tenu du stock existant de meubles anciens, pourquoi gaspiller son argent en achetant des choses nouvelles ? Surtout dans le contexte actuel de pénurie de matériaux tel que le bois… Les meubles anciens et de seconde main sont susceptibles d’être restaurés, repeints, transformés. Les possibilités de les réemployer en leur donnant un coup de jeune et en les adaptant au goût du jour sont infinies ! »
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